La Gendarmerie royale du Canada a annoncé, mardi, avoir déjoué une attaque terroriste fomentée par deux Canadiens «inspirés de l'idéologie d'Al-Qaïda», qui prévoyait une explosion devant l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique pendant les célébrations du 1er juillet.

Le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) avait informé la GRC de ce complot allégué dès le mois de février. L'enquête de cinq mois qui a suivi a permis de mener à l'arrestation, lundi, de deux résidants d'Abbotsford, en Colombie-Britannique, a précisé la police fédérale lors d'un point de presse, mardi, à Surrey.

«Leur comportement d'auto-radicalisation démontre qu'ils avaient l'intention de causer des dommages sérieux et de porter atteinte à la sécurité des citoyens canadiens au Parlement de la Colombie-Britannique lors d'un jour férié national», a déclaré le commissaire adjoint de la GRC Wayne Rideout.

«Ils ont pris les mesures nécessaires pour s'instruire par eux-mêmes et fabriquer des engins explosifs conçus pour engendrer des blessures et la mort», a-t-il poursuivi, ajoutant que les suspects étaient déterminés à commettre des actes violents et avaient discuté de différentes cibles et techniques pour y parvenir.

John Stewart Nuttal, âgé de 38 ans, et Amanda Marie Korody, née en 1983, ont brièvement comparu en cour, mardi matin à Surrey. Ils font face à trois chefs d'accusation chacun.

Ils sont accusés d'avoir comploté en vue de poser un engin explosif dans ou contre un lieu public dans l'intention de provoquer la mort ou des dommages corporels graves, d'avoir facilité sciemment une activité terroriste, et d'avoir fabriqué ou avoir eu en leur possession une substance explosive.

Trois cocottes-minute semblables à celles utilisées lors de l'attentat du marathon de Boston figurent sur une photo divulguée par la police fédérale, qui a effectué ces arrestations dans le cadre d'une opération baptisée «Souvenir». La GRC a catégoriquement écarté tout lien entre cette affaire et l'attentat de Boston.

«Ces dispositifs étaient complètement sous notre contrôle; ils étaient inertes et n'ont représenté en aucun temps de menace pour la sécurité du public», a assuré la GRC.

«Notre enquête a révélé que ces individus avaient été inspirés par l'idéologie d'Al-Qaïda, mais rien ne nous permet de conclure qu'ils aient bénéficié d'un appui extérieur ou encore qu'ils agissaient sous les ordres d'un groupe terroriste», a de son côté indiqué le commissaire adjoint James Malizia.

La GRC a divulgué peu de détails concernant les deux suspects, leur passé ou leurs possibles motivations dans ce complot allégué, se contentant de répéter que les individus s'étaient inspirés de l'idéologie d'Al-Qaïda.

Interrogé sur la possibilité que le complot allégué ait été motivé par des raisons religieuses ou autres, le commissaire Malizia s'est montré vague.

«Dans ce cas précis, l'idéologie est liée à un acte criminel, soit le fait de vouloir poser un geste criminel au nom d'une organisation en laquelle ils croient, et cette organisation - et l'idéologie qui y est liée - est celle d'al-Qaïda», a-t-il soutenu.

Un homme appelé John Stuart Nuttall, né en 1974, a un casier judiciaire à Victoria, notamment pour un vol commis en 2002. Il avait plaidé coupable avant d'être condamné à une peine avec sursis de 18 mois.

Un article publié en mars 2003 décrit l'homme comme un «ancien toxicomane», et son avocat de l'époque, Tom Morino, avait déclaré que son client était sous l'effet d'une drogue et n'avait aucun souvenir d'avoir agressé un homme avant de lui voler son attaché-case.

Me Morino a confirmé à un journal local qu'il avait bien représenté John Stewart Nuttall dans le passé et lui avait parlé, lundi soir, après son arrestation en lien avec l'enquête «Souvenir».

Des documents de la cour évoquent à la fois les noms de John Stuart Nuttall et John Stewart Nuttall - une autre ortographe également utilisée dans l'acte d'accusation déposé mardi -, et mentionnent des condamnations pour possession dangereuse d'arme à feu, méfait, ainsi que de nombreuses accusations d'agression.

Plusieurs leaders de la communauté musulmane de Colombie-Britannique ont été choqués d'apprendre qu'un tel complot allégué aurait été fomenté dans la province.

«Ces noms ne me disent rien. Ils ne sont même pas musulmans. Si je voyais ce genre de choses arriver dans ma mosquée, je les arrêterais et les dénoncerais aux autorités», a lancé Adam Buksh, président de la Surrey Jamiyah Mosque, à Abbotsford.

La première ministre de la province, Christy Clark, a elle aussi affirmé avoir été profondément choquée.

«À ceux qui sont liés au terrorisme, je veux dire ceci : vous ne réussirez pas», a-t-elle lancé aux journalistes devant l'Assemblée législative.

Le ministre fédéral de la Sécurité publique, Vic Toews, a quant à lui applaudi au travail effectué par les agences de sécurité impliquées dans l'enquête.

«Les arrestations de lundi sont la preuve que le terrorisme continue d'être une réelle menace au Canada», a-t-il affirmé.