L'effondrement d'une partie du tunnel Viger ne restera pas sans conséquence. Le Procureur général du Québec va poursuivre le consortium CIMA+/Dessau/SNC-Lavalin parce qu'un rapport allègue qu'il y a eu faute dans la préparation des plans et devis des travaux qui étaient en cours lorsqu'un paralume s'est défait de la structure du tunnel, le 31 juillet dernier.

Le ministre des Transports, Pierre Moreau, en a fait l'annonce vendredi après-midi lorsqu'il a dévoilé les conclusions du rapport sur les causes de l'effondrement. Les experts indépendants mandatés par le gouvernement concluent que la paroi verticale du tunnel, où des travaux d'hydrodémolition étaient réalisés lors de l'effondrement, n'ait pas assez résistante pour soutenir les paralumes de 25 tonnes (voir autre texte en page 7). Le consortium a commis une «faute» dans les plans et devis qui ne respectaient pas le Code canadien sur le calcul des ponts routiers, selon le rapport.

«Les responsables devront en supporter les conséquences», a déclaré le ministre Moreau qui entend récupérer, dans une poursuite civile, les dommages qui ont résulté de cet effondrement. Le gouvernement n'a pas encore chiffré la réclamation qui sera demandée, mais le total pourrait s'élever à plusieurs millions de dollars.

Le MTQ écarte toute responsabilité

Le ministère des Transports écarte quant à lui toute responsabilité dans l'effondrement, et ce, même si SNC-Lavalin avait fourni un rapport qui soulignait l'état de dégradation des assises des paralumes en 2008. Selon l'experte Marie-Josée Nollet, ce rapport ciblait des paralumes situés dans une autre zone du tunnel que celui où a eu lieu l'effondrement. La mise en garde de SNC-Lavalin avait entraîné les travaux qui étaient en cours lorsque la masse de béton s'est détachée de sa structure, le 31 juillet 2011.

Pierre Moreau reconnaît que «l'accident aurait pu avoir des conséquences très graves et a mis en jeu la vie des usagers de la route», mais il décline une responsabilité. «Lorsque le ministère des Transports donne un mandat à un professionnel, la responsabilité appartient à ce professionnel de fournir des plans et devis selon les règles de l'art... Demandez à un architecte de construire une maison. Vous n'avez pas la responsabilité, vous comme propriétaire, de refaire le travail de l'architecte que vous avez mandaté.»

Le consortium CIMA+/Dessau/SNC-Lavalin, qui fait souvent affaire avec le gouvernement, ne se retrouvera pas sur la liste des entrepreneurs qui ne peuvent plus soumissionner pour des contrats publics. La firme de génie-conseil devra toutefois assurer au gouvernement qu'une situation semblable ne se reproduira pas, affirme M. Moreau.

L'Ordre des ingénieurs du Québec a également été mandaté pour mener une enquête afin de déterminer l'implication des ingénieurs qui ont travaillé sur les plans. Le ministre Pierre Moreau a refusé de dire si des accusations criminelles pourraient éventuellement être portées.

L'opposition se questionne

Nicolas Girard, porte-parole de l'opposition officielle en matière de transports, croit que c'est la moindre des choses que des poursuites soient entamées si le consortium a erré ou commis des fautes.

«Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a une poutre de 25 tonnes qui est tombée du tunnel Ville-Marie l'été dernier et personne n'est responsable au ministère des Transports. C'est une infrastructure qui est utilisée par 100 000 automobilistes chaque jour. Il n'y a personne au Ministère qui a approuvé les plans et devis ou on a tout simplement fermé les yeux?», se questionne le député de Gouin.

Il demande par ailleurs que la liste noire des entrepreneurs qui ne peuvent plus soumissionner pour des contrats publics s'applique aussi aux firmes de génie-conseil.

L'opposition se questionne

Nicolas Girard, le porte-parole de l'opposition officielle en matière de transports, croit que c'est la moindre des choses que des poursuites soient entamées si le consortium a erré ou commis des fautes.

«Ce qui m'étonne, c'est qu'il y a une poutre de 25 tonnes qui est tombée du tunnel Ville-Marie l'été dernier et personne n'est responsable au ministère des Transports. C'est une infrastructure qui est utilisée par 100 000 automobilistes chaque jour. Il n'y a personne au ministère qui a approuvé les plans et devis ou on a tout simplement fermé les yeux?», se questionne le député de Gouin.

Il demande par ailleurs que la liste noire des entrepreneurs qui ne peuvent plus soumissionner pour des contrats publics s'applique aussi aux firmes de génie-conseil.

Photo: archives Robert Skinner, La Presse

Une poutre située à l'entrée du tunnel Viger en direction est s'est effondrée le 31 juillet dernier, entraînant avec elle les paralumes qu'elle soutenait.