Une note interne rédigée avant la mise en ligne en 2011 de la liste des personnes les plus recherchées par l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) mettait en garde contre le fait que l'attention soudaine portée à ces présumés criminels de guerre dans leurs pays d'origine pouvait leur faire risquer la torture ou la violation de leurs droits en cas de déportation.

L'ASFC avait ainsi reçu un avertissement selon lequel la publication d'une telle liste pouvait finalement torpiller la déportation de tels criminels présumés. Les lois canadiennes interdisent en effet de déporter un individu dans un pays où il risque la violation de ses droits, la torture ou d'autres sévices graves.

La note d'information interne a été obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

La liste, mise en ligne en juillet dernier sur le site Internet de l'ASFC, demandait à la population de transmettre tout renseignement sur les allées et venues de certains migrants illégaux, principalement des personnes ayant déposé de fausses demandes de statut de réfugié. Le gouvernement fédéral les accuse d'avoir commis des crimes de guerre ou contre l'humanité avant qu'ils arrivent au Canada.

Arshad Muhammad a par exemple été arrêté deux semaines après que son nom eut été placé sur cette liste. La possibilité qu'il soit déporté dans son Pakistan natal s'amenuise toutefois depuis que des responsables de l'ASFC ont constaté qu'il y risquait maintenant d'être torturé.

La liste présente actuellement les portraits-robots de 21 individus. Quatre autres personnes apparues sur la liste ont été déportées, deux demeurent en détention, et une poignée ont depuis quitté le pays par leurs propres moyens.