Un Canadien d'origine syrienne, qui avait été détenu pendant deux ans et torturé en Syrie, a reproché vendredi au Canada de «financer indirectement» le régime de Damas.

Abdullah Almalki, un ingénieur aujourd'hui quadragénaire, avait été arrêté par les Syriens en 2002 sur la base d'informations transmises par les autorités canadiennes qui faisaient peser sur lui des soupçons de terrorisme. A son retour au Canada, entièrement blanchi, il a exigé des excuses d'Ottawa.

Interrogé vendredi par la chaîne publique CBC à la suite d'une manifestation contre le régime Assad à Ottawa, il a affirmé que le Canada contribuait indirectement à financer Damas, et donc la répression, à travers les activités d'entreprises canadiennes dans le secteur des hydrocarbures en Syrie.

«On sait que les revenus du pétrole et du gaz ne profitent pas au peuple syrien, mais au régime Assad», a déclaré M. Almalki. «Maintenant ils sont utilisés pour alimenter la machine de la mort, pour acheter les munitions».

Le premier groupe pétrolier canadien, Suncor --que le militant canado-syrien n'a pas nommé-- exploite, en partenariat avec une société d'État syrienne, General Petroleum Corporation, un important site gazier à Ebla, dans le centre de la Syrie, un investissement de 1,2 milliard de dollars canadiens (autant de dollars américains).

Le 24 mai dernier, le Canada a imposé une série de sanctions économiques et politiques à la Syrie, comprenant l'interdiction de séjour de dignitaires du pays. Ottawa a également interdit l'exportation vers la Syrie de biens et technologies pouvant être utilisés contre les manifestants, comme les armes et munitions, et la fourniture de services financiers au pouvoir syrien.