L'utilisation mal balisée de la technologie par les fonctionnaires fédéraux menace la vie privée de milliers de Canadiens qui traitent avec l'État, d'après la Commissaire à la protection de la vie privée.

Dans son rapport annuel déposé mardi au Parlement, Jennifer Stoddart souligne que les fonctionnaires devraient être conscients en tout temps de l'importance que revêtent les données personnelles des gens, y compris quand ils utilisent leur téléphone intelligent, se débarrassent de vieux ordinateurs ou déchiquètent des documents.

Or, selon Mme Stoddart, aucun des cinq ministères et organismes examinés récemment n'avait adéquatement évalué les risques associés à l'utilisation répandu d'appareils de communication sans fil.

Seulement trois des cinq agences qui ont fait l'objet d'une vérification exigent que les fonctionnaires choisissent un mot de passe difficile à deviner pour leur téléphone intelligent. Aucune ne recommande le cryptage des données contenues dans ces appareils.

En prévision de son rapport, le commissariat à la protection de la vie privée a examiné les pratiques de la Société canadienne d'hypothèques et de logement, de Santé Canada, de Développement des ressources humaines Canada, des Affaires indiennes et du Nord, ainsi que des Services correctionnels.

En plus de se pencher sur les téléphones intelligents, les vérificateurs ont évalué la manière dont ces organismes disposent de vieux appareils informatiques et de documents devenus inutiles. Ceux-ci ont noté que le gouvernement collige de grandes quantités d'informations personnelles qui ne sont pas toujours bien protégées.

Le commissariat dit avoir constaté de sérieuses lacunes dans ces mécanismes. Ainsi, 28 des 31 ministères et agences gouvernementales inspectés n'effacent pas complètement le contenu de leurs disques durs avant de faire don aux écoles de leurs ordinateurs désuets. Dans certains cas, l'information contenue dans les vieux ordinateurs était tellement délicate que le commissaire a pris les mesures nécessaires pour qu'ils soient retournés à leur ministère d'origine.

«Des analyses d'une partie de ces disques durs ont établi que plusieurs contenaient des informations personnelles ou confidentielles, ou des documents tombant sous le coup du secret professionnel», a indiqué l'étude.

Mme Stoddart souligne que la divulgation non autorisée de certaines données pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la vie privée de citoyens, leur identité, leur intégrité, leur situation financière et même leur sécurité.

Mais dans un courriel acheminé tard mardi soir, les responsables d'Industrie Canada, qui ont contribué à la création du Programme des ordinateurs pour les écoles (OPÉ) en 1993, ont affiché leurs réserves face à ce rapport, assurant que l'organisme avait vérifié chacun de ces ordinateurs et les avait épurés avant de les acheminer dans les écoles.

La commissaire s'est également penchée sur la question des nouveaux appareils d'imagerie installés dans les aéroports, sur la sécurité des Jeux olympiques de Vancouver et la technologie de surveillance des plaques d'immatriculation utilisée par la Gendarmerie royale du Canada en Colombie-Britannique pour identifié les véhicules volés ou non assurés.