Le port du voile intégral devrait être banni de l'espace public et interdit sur l'ensemble du territoire québécois, pense le maire de Saguenay, Jean Tremblay.

Fervent catholique, M. Tremblay considère que la portée du projet de loi 94 sur les accommodements raisonnables est trop restreinte puisqu'il proscrit le voile intégral uniquement pour la prestation de services publics.

«La loi ne va pas assez loin et devrait interdire totalement ce vêtement-là. Le reste, ça ne me fait rien, ils peuvent s'habiller comme ils le veulent», a dit le maire saguenéen, mardi en point de presse, à l'issue de son audition devant la commission parlementaire portant sur le projet de loi de la ministre de la Justice, Kathleen Weil.

De fait, M. Tremblay estime que l'interdiction du port de la burqa ou du niqab devrait être étendue à tout l'espace commun, que ce soit les places commerciales ou les voies publiques.

«Moi ça ferait longtemps que je l'aurais fait. Ce serait une loi formelle: interdit au Québec de se couvrir le visage», a tranché le coloré premier magistrat.

«Tu ne peux pas rencontrer des gens complètement voilés. Qui est derrière? Un homme, une femme? (...) Je peux comprendre qu'un motocycliste porte une visière pendant qu'il circule, mais se couvrir le visage totalement, tant qu'à moi ce serait interdit», a-t-il poursuivi.

Le maire Tremblay, dont l'acharnement à défendre la récitation de la prière avant chaque séance du conseil municipal est bien connu, se défend de vouloir restreindre la liberté de religion des non-catholiques.

De son point de vue, le voile intégral n'a tout simplement pas de sens, d'autant plus qu'il ne constitue pas une obligation religieuse musulmane.

«Tu ne peux pas identifier la personne qui est devant toi! Elle peut te voir, voir tout ce qui se passe autour d'elle, mais toi, tu ne peux pas savoir qui est derrière le voile. Cela ne tient pas debout», a-t-il lâché, précisant que le «problème» du voile intégral «n'existe pas» dans sa municipalité.

Du reste, M. Tremblay ne se laisse pas distraire par ceux qui lui font remarquer qu'une interdiction totale risquerait de marginaliser encore davantage les femmes portant la burqa ou le niqab.

«Si une personne reste confinée à son sous-sol parce qu'elle ne peut pas porter le voile, c'est qu'il y a un autre problème», a-t-il avancé en substance.

Plus tôt dans la journée, le Barreau du Québec a pour sa part salué le projet de loi 94, pour autant qu'il y ait souplesse dans son application.

«Le principe général, c'est que le service est rendu à visage découvert. Mais si une personne tient à conserver sa burqa, cela devrait être possible s'il n'y a pas d'entrave à la prestation du service», a dit le bâtonnier Pierre Chagnon.

Déposé en mars dernier, le projet de loi 94 introduit des balises aux demandes d'accommodement raisonnable.

Il vise particulièrement le controversé voile islamique intégral, comme la burqa et le niqab, stipulant que les services rendus par les organismes relevant de l'Etat doivent se faire, et se recevoir, à visage découvert.