Un ressortissant algérien aveugle, qui vivait depuis presque quatre ans dans une église montréalaise pour éviter sa déportation, a finalement obtenu la permission de demeurer au Canada.

Abdelkader Belaouni s'est vu octroyer sa résidence permanente pour des raisons humanitaires. Cela signifie qu'il peut désormais quitter l'église Saint-Gabriel, dans le quartier Pointe-Saint-Charles à Montréal, sans craindre d'être arrêté.

Il y vivait depuis le 1er janvier 2006, dans une petite pièce située à l'étage du bâtiment centenaire. Dans sa chambre de fortune, il avait entassé ses maigres possessions, soit un petit lit, un clavier ainsi qu'un ordinateur adapté pour les aveugles.

Dans sa nouvelle vie d'homme libre, M. Belaouni prévoit travailler dans un centre pour immigrants, lancer son deuxième album et publier deux livres.

«Je suis heureux. Tellement heureux. C'est comme si je renaissais», a-t-il dit au cours d'une entrevue accordée à La Presse Canadienne, avant d'ajouter qu'il n'était pas un perdant mais un gagnant. Il a aussi souligné qu'il avait beaucoup d'amis qui l'appuyaient.

L'Algérien, qui a perdu la vision il y a 16 ans et qui souffre de diabète, avait immigré à New York en 1996, alors qu'une guerre civile faisait rage dans son pays. Après les événements du 11 septembre 2001, il a décidé de venir s'installer au Canada au mois de mars 2003.

Il craignait, disait-il, d'être déporté des États-Unis en raison de la vague de racisme contre les musulmans. Il affirme d'ailleurs avoir été enregistré sur une liste spéciale puisqu'il était un ressortissant d'un pays musulman. On lui aurait aussi confisqué son passeport.

Il a travaillé de manière bénévole pour plusieurs groupes communautaires avant que sa demande pour obtenir le statut de réfugié au Canada soit refusée. Le ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration avait expliqué son refus en soutenant qu'il n'occupait pas d'emploi et qu'aucun membre de sa famille n'habitait le pays.

Son avocat, Jared Will, a refusé de fournir des explications sur le cas de son client mais a partiellement attribué sa victoire au soutient du public. Au fil des années, environ 250 organisations québécoises et des députés de chacun des grands partis politiques ont soutenu l'Algérien.

Toutefois, le gouvernement fédéral a tenu, lundi, à décourager les autres demandeurs d'asile de prendre exemple sur Abdelkader Belaouni de se cacher dans un endroit de culte. Une porte-parole du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration, Jacqueline Roby, a également précisé que chacun des cas étaient analysés individuellement et que les autorités avaient pesé tous les facteurs avant de prendre une décision juste et conforme à la loi.