Une centaine de personnes ont marché dimanche dans le quartier Côte-des-Neiges à Montréal afin de revendiquer un statut pour les sans-papiers, la fin des expulsions et la fermeture des centres de détention pour immigrants au Canada.

«Les frontières ne parviennent pas à empêcher ceux qui cherchent la sécurité ou de meilleures opportunités d'entrer au pays. Elles ne font que créer des situations où les migrants sont plus facilement exploités», dénonce l'organisatrice de la marche, Rosalind Wong, membre de Solidarité sans frontières.

«Sans statut, nous ne pouvons aller à l'hôpital, avoir du travail, aller à l'école. Nous vivons dans l'ombre», se désole Yukary (prénom fictif), porte-parole du Collectif des femmes sans statut.

Montréal, «ville sanctuaire» : «un geste symbolique»

En novembre 2015, les membres de ce collectif ont envoyé une lettre au premier ministre Justin Trudeau dans l'espoir de régulariser leur statut et celui de leur famille.

«Nous travaillons ici et contribuons à la richesse du Canada. Nous nettoyons vos maisons, servons dans vos restaurants, travaillons à la chaîne, nous produisons la nourriture que vous mangez. Nous payons des taxes. Pourtant, nous demeurons exclues de l'ensemble des biens sociaux : l'éducation, les soins de santé, les allocations pour enfants, les garderies, le chômage», écrivaient-elles.

Un an et demi plus tard, ces femmes attendent toujours une réponse du premier ministre.

Solidarité sans frontières craint que Montréal ait été déclarée «ville sanctuaire», en février, uniquement par opportunisme politique.

«Jusqu'ici, rien ne démontre que c'est plus qu'un geste symbolique, dit Mme Wong. Nous demandons des changements dans la loi, dans les structures, dans le quotidien des personnes. Nous demandons la fin de la collaboration entre les policiers et les services d'immigration. La Ville de Montréal a la capacité de le faire, mais elle semble très réticente. Pour l'instant, ce ne sont que des promesses.»

Témoignages de sans-papiers

«Tu dois travailler très fort et tu ne peux que survivre. Je ne vais pas chez le médecin, je ne peux pas aller à l'école, je n'ai pas le droit d'avoir un permis de conduire.»

- Roberto (prénom fictif), Latino-Américain sans-papiers à Montréal depuis huit ans

«Le travail des sans-papiers, les gouvernements savent que c'est important. Ils savent qu'on travaille au noir et qu'au lieu d'être payés 17 $ de l'heure, on est payés 10 $. Ils savent qu'il y a des abus.»

- Olivia (prénom fictif), Africaine sans-papiers à Montréal depuis deux ans

«Les gens te crient après, tu es un peu comme un esclave. Tu es exploité, parfois payé 7 $ de l'heure. L'ambiance est très violente. C'est une réalité du marché noir.»

- Miguel (prénom fictif), Latino-Américain sans-papiers à Montréal depuis 12 ans

«La plupart des gens nous voient comme des criminels. Ce n'est pas vrai. Nous travaillons très fort. Mais pour la société, nous sommes des fantômes.»

- Julia (prénom fictif), Latino-Américaine sans-papiers à Montréal depuis huit ans