Applaudie par le milieu de la santé, mais décriée par les défenseurs des animaux, la mesure mettant fin à l'adoption de pitbulls à Montréal a suscité de vives réactions mercredi.

« Grâce à ce règlement, j'espère voir moins d'enfants ayant besoin d'une chirurgie reconstructive. Plusieurs animaux coexistent en paix avec les humains, il n'est pas nécessaire d'avoir des pitbulls », a déclaré le chirurgien Daniel Borsuk, qui a été l'un des premiers médecins à sonner l'alarme.

Vanessa Biron, l'une de ses petites patientes de Sainte-Justine, a eu le crâne fracassé et la joue arrachée par un pitbull à Brossard. Depuis, ses parents font tout pour dénoncer les risques liés à cette race. « Vanessa et sa famille devraient être fières d'avoir eu un impact social aussi positif. J'espère ne jamais voir de familles vivre ce qu'elles ont vécu », a dit le Dr Borsuk, qui souhaite que « les parents enseignent à leurs enfants la façon de se comporter autour de tous les chiens pour mieux prévenir les attaques ».

Le ministre de la Santé Gaétan Barrette a salué lui aussi l'administration du maire Denis Coderre : « La solution de Montréal est très intéressante, et va beaucoup plus loin que le statut actuel des choses. Il y aura un débat à l'intérieur du gouvernement. Je suis, moi, évidemment, plus à un extrême [pour l'interdiction], mais je vis avec. Il y aura un consensus. »

CATASTROPHE

Les défenseurs des animaux sont en revanche catastrophés. Même si les Montréalais pourront garder les pitbulls qu'ils ont déjà s'ils acceptent de les stériliser, de les museler, etc., ils perdent le droit d'en adopter en cas d'abandon. « Nous demandons que [la Ville] nous rencontre afin de trouver une solution qui permettrait de prévenir la mort inutile de nombreux chiens et chiots en santé et ayant un comportement exemplaire qui passeront par notre refuge », explique dans un communiqué Gabrielle Carrière, vétérinaire en chef à la SPCA de Montréal.

La SPCA estime aussi que le règlement est discriminatoire à l'égard des « familles responsables ». Elle prédit que Montréal devra dépenser gros pour faire euthanasier des chiens et faire face aux contestations judiciaires.

Mercredi, des avocats annonçaient déjà qu'ils pourraient invoquer la Charte des droits et libertés, entre autres pour défendre les criminels risquant de voir leur pitbull confisqué.

« Je sais que certains avocats salivent concernant la Charte en disant qu'on n'aurait pas le droit par rapport aux antécédents criminels, mais je pense qu'on a fait nos devoirs », a rétorqué Denis Coderre. Selon lui, cette interdiction s'impose parce que « le chien, on s'en sert comme arme également ». Et parce que, « dans la Charte, la sécurité, c'est un droit aussi ».

« Vous allez avoir toutes sortes de désinformations, de lobbys qui vont se faire aller à gauche et à droite », a aussi prédit le maire.

Mercredi, la Humane Society International - Canada a envoyé à La Presse un courriel disant que le projet de loi de Montréal allait « à l'encontre de l'avis des experts et des données scientifiques crédibles » et que « les chiens sont des individus et [qu']aucune race de chiens [n']est intrinsèquement dangereuse ». 

- Avec Tommy Chouinard, La Presse