Cinquante ans après sa construction, l'autoroute Bonaventure vit ses dernières heures. Montréal a entrepris cette semaine la démolition du dernier tronçon des voies rapides surélevées. Construite en 1966 pour faire entrer la métropole dans la modernité, l'artère est aujourd'hui détruite pour faire place à un boulevard urbain... plus moderne. Explications.

Coderre dans les pas de Drapeau

Clin d'oeil historique, le maire Denis Coderre a marché hier dans les pas de l'un de ses illustres prédécesseurs. Mais alors que Jean Drapeau s'était fait photographier en 1966 par le magazine Maclean's pour inaugurer l'autoroute Bonaventure, le maire actuel y était plutôt pour marquer sa démolition. « À l'époque, c'était moderne. Aujourd'hui, les choses ont changé », a noté Denis Coderre. Celui-ci assure qu'il ne s'agit pas d'un désaveu des décisions prises il y a 50 ans, mais plutôt que les voies rapides ne répondaient plus aux besoins d'aujourd'hui.



D'autoroute à boulevard


L'autoroute Bonaventure disparaît pour faire place à un boulevard urbain, dont les voies sont déjà en grande partie aménagées. Ce boulevard, baptisé Robert-Bourassa en mémoire de l'ancien premier ministre du Québec, servira de nouvelle porte d'entrée pour Montréal. Quatre voies permettent de circuler en direction nord et cinq vers le sud. Au centre, la métropole aménagera en 2017 un immense espace vert, qui mesurera 42 m de largeur sur 700 m de longueur, soit l'équivalent d'un peu plus de cinq terrains de football.

Démolition en cours

Les travaux de démolition de ce dernier tronçon de 800 m d'autoroute ont débuté lundi et se poursuivront jusqu'en septembre. Montréal prévoit ensuite terminer les infrastructures souterraines d'ici à la fin de 2016 pour finalement entreprendre l'aménagement de l'espace vert l'année prochaine. L'inauguration officielle du boulevard Robert-Bourassa est prévue en septembre 2017, soit durant les célébrations du 375e anniversaire de Montréal. La facture pour la démolition de l'autoroute et l'aménagement du boulevard se chiffre à 140 millions.

Capacité réduite

Montréal le reconnaît, le nouvel aménagement du boulevard Robert-Bourassa aura une capacité moindre que celle de l'ancienne autoroute Bonaventure. Et ce, même si on s'attend à ce qu'autant de véhicules y circulent, soit 4000 par heure lors des pointes - en plus de 1000 autobus par jour provenant de la Rive-Sud. Pour assurer la fluidité des déplacements, des feux de signalisation dits intelligents seront aménagés pour permettre de les régler en fonction de la densité de la circulation.

Trottoirs près de cinq fois plus larges

Montréal a profité du chantier pour élargir considérablement les trottoirs. De 1,5 m de largeur, ils feront désormais 7 m, soit près de cinq fois plus. Afin de sécuriser les déplacements à pied, des plantations seront ajoutées en bordure des trottoirs pour créer une zone tampon entre les piétons et les voitures.



Piste cyclable envisagée


Montréal a par ailleurs annoncé qu'il étudiait la possibilité d'aménager une piste cyclable au milieu de l'espace vert qui sera créé. La Ville avait écarté cette idée au départ, préférant inciter les cyclistes à emprunter des voies parallèles. Le maire Coderre a toutefois reconnu qu'il serait difficile d'empêcher les vélos d'y circuler, si bien qu'un lien cyclable est maintenant envisagé. Cette absence d'une piste cyclable était d'autant plus paradoxale que Montréal veut aménager dans l'espace vert créé avec la disparition de l'autoroute une oeuvre d'art pour souligner la place du vélo.

Photo Patrick Sanfaçon, La Presse

Denis Coderre a marché hier dans les pas de l’un de ses illustres prédécesseurs, le maire Jean Drapeau, marquant ainsi la fin des 50 ans d’histoire de l’autoroute Bonaventure.

Photo Archives Magazine MacLean’s

Jean Drapeau s’était fait photographier en 1966 par le magazine Maclean’s pour inaugurer l’autoroute Bonaventure.