Les policiers de Montréal n'ont pas «du tout apprécié» de recevoir l'ordre de «rester les bras croisés» devant les actes de saccage à Montréal-Nord la semaine dernière, selon la Fraternité des policiers. Le syndicat met d'ailleurs en garde le maire Denis Coderre contre la formation d'une zone de «non-droit» à Montréal-Nord.

«Le saccage du 6 avril dernier survenu à Montréal-Nord et le suivi que nous en avons fait sur le terrain nous ont une fois de plus laissés perplexes quant aux politiques de la Ville en matière de sécurité publique», écrit le président de la Fraternité des policiers et policières, Yves Francoeur, dans une lettre qu'il a fait parvenir hier au maire Coderre.

À partir de 21h15 le 6 avril, des casseurs ont incendié une poignée de voitures et fracassé des vitrines de commerces en plus d'asperger de peinture celles du poste de quartier 39. Une personne a été tabassée par quatre participants au saccage et a dû être traitée à l'hôpital pour une commotion cérébrale.

Le lendemain, la responsable de la sécurité publique à la Ville de Montréal, Anie Samson, a indiqué que la police n'était pas intervenue sur le champ par «choix stratégique», pour éviter «d'entrer dans le jeu» des casseurs.

«Sachez que les policiers et policières n'ont pas du tout apprécié recevoir l'ordre de rester les bras croisés, ni devoir répondre aux commerçants et aux citoyens qui leur demandaient de faire cesser le saccage qu'ils avaient mandat de ne rien faire. Les policiers et policières de Montréal se sentent responsables de la sécurité de la population et estiment que la loi doit également y être applicable», explique M. Francoeur dans sa missive.

Selon la Fraternité des policiers, environ 40 appels logés au 911 sont demeurés sans réponses.

«De façon plus générale, nous sommes informés que par crainte d'attiser les tensions, nos membres ont souvent l'ordre de ne pas intervenir. La sous-intervention répétée mine le sentiment de sécurité de la population tout en lançant le mauvais message aux criminels, qui se sentent couverts d'impunité. Nous croyons donc nécessaire de vous souligner que l'accumulation de renoncements à faire appliquer les lois les plus essentielles peut mener à la formation de zones de non-droit, qui, une fois formées, sont difficiles à ramener vers la normalité», prévient M. Francoeur.

La Fraternité, qui représente 4500 policiers, estime également qu'un sentiment d'impunité accru de la part des criminels est susceptible de mettre à risque les policiers et policières.

Ces événements du 6 avril sont survenus après deux manifestations qui se sont déroulées dans le calme: l'une pour souligner l'anniversaire de Freddy Villanueva, qui aurait eu 26 ans hier, et l'autre pour souligner la mort récente de Jean-Pierre Bony. Ce dernier est décédé des suites de ses blessures après avoir été atteint à la tête par un projectile tiré par un policier lors d'une frappe anti-stupéfiants sur la rue Arthur-Chevrier.