Initialement présenté comme le moyen de supprimer la séparation entre le Vieux-Montréal et le centre-ville, le projet de recouvrement de l'autoroute Ville-Marie comprendra finalement le maintien d'une des deux bretelles de sortie. La Ville de Montréal promet de tout mettre en oeuvre pour tenter d'effacer cette « fracture », alors que l'opposition qualifie le projet de « broche à foin ».

Le recouvrement de 125 mètres de l'autoroute Ville-Marie, à l'ombre du nouveau Centre hospitalier de l'Université de Montréal, pour aménager une grande place publique est l'un des principaux legs du 375e anniversaire de Montréal, en 2017.

Hier, le ministre des Transports Robert Poëti et le responsable du projet à la Ville de Montréal, le conseiller indépendant Richard Bergeron, ont convoqué les médias pour annoncer le lancement de l'appel d'offres pour les travaux, qui débuteront au printemps 2016.

Une fois l'autoroute en tranchée recouverte, la bretelle « Berri/Saint-Antoine » sera élargie à deux voies, tandis que la bretelle Sanguinet/Saint-Laurent sera fermée à l'automne 2016. Une partie des automobilistes sera ultimement redirigée vers la rue Saint-Denis, où le sens de la circulation sera inversé dans le tronçon compris entre la rue Saint-Antoine et l'avenue Viger.

Selon le ministère des Transports du Québec (MTQ), environ 38 000 voitures empruntent les deux bretelles de la sortie chaque jour. « Honnêtement, ce n'est pas que ça ne serait pas le fun, ce n'est pas possible d'enlever les deux bretelles », a souligné hier le ministre Poëti lors d'un point de presse.

« D'avoir fermé cette sortie-là, ça amènerait les automobilistes à la prochaine, qui est Jacques-Cartier. On obligerait donc les gens à sortir dans le capharnaüm de la circulation qui s'en va vers le pont. Supposons qu'un automobiliste voudrait ensuite revenir emprunter le boulevard Saint-Laurent, il devrait partir de De Lorimier », a-t-il expliqué.

Richard Bergeron, ancien chef de Projet Montréal qui a quitté le parti qu'il a fondé en grande partie afin de mener le projet du recouvrement au sein de l'administration Coderre, abonde dans le même sens. « Il faut que la ville continue de fonctionner », a-t-il ajouté.

Pour l'instant, le tunnel utilisé par les usagers du métro Champ-de-Mars pour atteindre la rue Saint-Antoine demeurera en fonction. La Ville étudie cependant la possibilité de construire une passerelle.

« On va utiliser tous les moyens possibles pour tenter d'effacer cette fracture, d'une part en élargissant le trottoir, voire la rue Hôtel-de-Ville, le plus possible pour opérer la jonction entre les deux parties du parc. Par ailleurs, il y a aussi l'idée d'une passerelle sur laquelle nous travaillons. Si on va en concours d'architecture, on espère qu'il y a beaucoup d'intelligence et de qualité artistique qui va permettre d'avoir un lien qui sera littéralement une oeuvre d'art. »

«Je ne suis absolument pas impressionnée»

Du côté de l'opposition officielle, la conseillère Valérie Plante estime que le projet présenté hier ne remplit pas son objectif premier de faire le lien entre la station de métro Champ-de-Mars et le Vieux-Montréal. Elle s'étonne aussi des déclarations de son ancien chef.

« En conseil municipal, M. Bergeron a lui-même dit, et c'est documenté, que si on n'arrivait pas à enlever les bretelles autour du Champ-de-Mars que ça ne valait pas vraiment la peine, que le projet perdait tout son sens. Qu'il décide aujourd'hui de nous dire que c'est la plus meilleure idée du monde, pour ma part, je ne suis absolument pas impressionnée », a-t-elle déclaré lors d'une mêlée de presse.

Le recouvrement de l'autoroute par une dalle de béton, par le MTQ, devrait être terminé à l'automne 2017. L'aménagement de la grande place publique ne sera cependant terminé qu'en 2018. Pour les célébrations du 375e, en 2017, la place sera temporairement gazonnée.