Près de 500 millions de litres: c'est la quantité phénoménale d'eau potable distribuée par Montréal qui se perd tous les jours dans des fuites. L'équivalent de 200 piscines olympiques gaspillées. Malgré ses investissements importants dans la réfection du réseau de distribution d'eau, la Ville est en voie de manquer largement la cible de réduction de pertes d'eau imposée par Québec en 2011.

30%

Le réseau de distribution de la métropole a perdu 30% de son eau en 2014, estime la Ville dans son bilan annuel de la consommation d'eau potable, rendu public hier. C'est la même proportion qu'en 2013 et à peine mieux que dans les dernières années. Pourtant, il ne reste que deux ans à la Ville pour réduire à 20% son taux de perte afin de répondre aux exigences de la stratégie de réduction d'eau du gouvernement provincial.

L'administration Coderre croit être en mesure d'endiguer l'hémorragie grâce à l'installation de régulateur de pression dans les systèmes et le déploiement d'une équipe pour détecter les fuites. «On continue à travailler pour atteindre cette cible, indique Chantal Rouleau, responsable des services de l'eau au comité exécutif de la Ville de Montréal. Grâce au système de régulation de la pression, on voit déjà une amélioration notable des bris et des fuites. Il y a énormément d'effort qui est fait pour y arriver. C'est un réseau très déficient, il n'y a pas eu d'entretien.» Trois arrondissements de la Ville participent déjà au projet-pilote de régulation de pression de l'eau potable. Sept autres arrondissements devraient s'y joindre d'ici la fin de l'année, souligne Mme Rouleau.

Consommation en baisse

Les Montréalais diminuent bon an, mal an leur consommation d'eau potable. L'an dernier, chaque résidant a consommé 873 litres au lieu de 903 litres en 2013. «On a dépassé la cible du provincial pour le bilan de 2014. On a atteint 22% de réduction de la consommation [depuis 2001] grâce à nos investissements et à la sensibilisation», se réjouit Chantal Rouleau, puisque l'objectif était prévu en 2017. L'élu encourage toutefois la population à ne pas consommer avec excès l'eau potable. «C'est une ressource qui appartient à chacun et qu'il ne faut pas gaspiller. Il faut que chacun prenne sa responsabilité», ajoute-t-elle.

Champions du gaspillage

Les Montréalais demeurent les champions québécois du gaspillage de l'or bleu malgré l'amélioration importante du bilan depuis 15 ans. En comparaison, le Québécois moyen consommait 706 litres d'eau par jour, selon les chiffres de 2009, tandis que nos voisins ontariens n'en consommaient que 409 litres par jour. Toutefois, la concentration d'industries et de commerces à Montréal gonfle ces chiffres puisque la consommation résidentielle ne représente que 40% de la consommation totale d'eau potable.

57 kilomètres

La Ville n'a pas ménagé ses efforts l'an dernier pour mettre à jour son réseau de distribution d'eau vétuste avec des investissements de 200 millions. Cela a permis de renouveler 57 kilomètres de conduites d'eau potable, un sommet en neuf ans. Malgré cette augmentation de la cadence des travaux, ça ne représente que 1,3% du réseau de la ville. Mais l'administration Coderre prévoit accélérer le pas. «Nous avons un plan d'investissement de 1,1 milliard de dollars d'ici 2017 pour les aqueducs et les égouts.» Le nombre de bris reste toutefois stable avec près d'un millier par année, dont une cinquantaine sur des conduites principales.

Compteurs d'eau

Alors que Montréal panse encore ses plaies des années après le scandale des compteurs d'eau, ces appareils font un retour en force dans les commerces et industries de la métropole. On en compte près de 5000, soit deux fois plus qu'en 2013. La Ville prévoit mettre en place quatre fois plus de compteurs d'ici 2018 dans l'espoir de diminuer de façon importante la consommation d'eau dans les secteurs non résidentiels. Mais «pas question» d'en installer chez les Montréalais, garantit Chantal Rouleau, responsable des services de l'eau au comité exécutif de la Ville.