Ça ne brasse pas que du côté des employés municipaux à Montréal: les syndiqués du Vieux-Port sont aussi en moyens de pression. Plus discrets, ils pourraient bientôt monter le ton si leur employeur ne renonce pas à réduire de moitié sa contribution aux REER.

Les syndiqués ont commencé leurs moyens de pression en douceur, avec des macarons et des autocollants. Or depuis quelques semaines, les employés ont cessé de porter l'uniforme au profit de chemises hawaïennes les vendredis.

Les négociations se déroulaient bien. Elles avaient même débuté avant l'expiration de la convention collective, au printemps. Puis, l'employeur a demandé à réduire sa cotisation au REER des employés permanents pour qu'elle passe de 7,5% à 3,75% sur deux ans. En guise de compensation, il propose une augmentation forfaitaire de 1,5% sur deux ans. Une proposition irrecevable aux yeux d'un représentant syndical qui a tenu à taire son nom.

«Les gens ne s'attendaient pas à se faire challenger sur le REER parce que ça existe depuis 20 ans au Vieux-Port. On a fait cinq ou six négos et jamais l'employeur n'a remis ça en question, a-t-il fait valoir. Quand on fait le calcul avec le forfaitaire, dans le meilleur des cas, les gens vont faire 10 cennes de plus de l'heure.»

Géré à Toronto

Jusqu'à tout récemment, le Vieux-Port de Montréal s'occupait de sa propre gestion et devait présenter un rapport annuel à la Société immobilière du Canada (SIC). En 2012, la vapeur s'est inversée; le Vieux-Port a perdu son indépendance et la SIC est devenue l'entité décisionnelle.

«On a clairement vu un changement de ton au niveau monétaire. Le siège social est maintenant à Toronto. Les décisions sont prises là-bas et sont imposées dans la négociation», a ajouté le représentant syndical, qui a suivi les négociations de conventions collectives du Vieux-Port depuis une dizaine d'années.

Grève en vue?

Le Vieux-Port, sur papier, est encore une société d'État puisque la transaction concernant son statut n'est pas encore finalisée. Comme le Code du travail fédéral l'impose, s'il y a une impasse dans les négociations, les parties doivent aller en conciliation durant un minimum de deux mois. Seulement après, les syndiqués peuvent se prévaloir d'un mandat de grève. Est-ce qu'ils envisagent la possibilité d'une grève illégale?

«C'est purement hypothétique pour l'instant. Je ne pense pas qu'ils iraient jusque-là, mais c'est toujours possible», a répondu le représentant syndical questionné à ce sujet.

Environ 200 employés du Vieux-Port sont représentés par l'Alliance de la fonction publique du Canada, région Québec (AFPC-Québec). Parmi eux, 90 sont des employés permanents.

Les employés travaillent notamment au Port d'escale, aux stationnements, à la sécurité, à l'entretien, à l'animation et à la billetterie du Centre des sciences et du cinéma IMAX. Si une grève était déclenchée, les conséquences sur le service à la clientèle seraient possiblement négligeables, puisque le Code du travail fédéral n'empêche pas le recours aux briseurs de grève.