Les 400 ingénieurs de la Ville de Montréal s'inquiètent de leur rôle réduit dans les projets d'infrastructures actuels, malgré les scandales mis au jour depuis quelques années. Ils estiment pouvoir contribuer à résoudre le problème si la municipalité fait davantage appel à leur expertise et à l'indépendance de leur opinion professionnelle.

Dans un mémoire déposé aujourd'hui à la commission Charbonneau, le Syndicat professionnel des scientifiques à pratique exclusive de Montréal (SPSPEM) formule cinq recommandations. En plus de son souhait que la Ville valorise le rôle de ses ingénieurs, le syndicat propose une augmentation de la rémunération afin de favoriser la rétention des employés. Plusieurs ingénieurs expérimentés sont passés chez les firmes de génie au fil des ans, rendant ainsi la Ville vulnérable vis-à-vis des entreprises externes, estime le SPSPEM.

Une troisième recommandation concerne la création d'un comité relevant de l'inspecteur général « pouvant servir de forum d'examen et de surveillance ». « Nos membres ont largement souffert de l'absence de tribune pour remettre en question la légitimité des décisions et des relations avec les fournisseurs de services », peut-on lire dans le mémoire.

La Commission de la fonction publique de Montréal (CFPM) fait également l'objet d'une proposition du syndicat, souhaitant qu'elle soit renforcée et que ses pouvoirs soient clarifiés en matière de traitement des plaintes. L'année dernière, la CFPM a dénoncé, dans son rapport annuel, les « pratiques arbitraires » dans l'embauche de hauts fonctionnaires pour l'année 2012 : 30 % des cadres ont été embauchés sans appel de candidatures et près de 80 % de ces nominations sont jugées non conformes à la politique de la Ville en matière de main-d'oeuvre.

Enfin, les ingénieurs recommandent que les réclamations des entrepreneurs touchant des extras fassent l'objet d'un traitement plus attentif, car ils constatent que leur examen est souvent « bâclé ».

Rappelons que depuis un an, au moins cinq ingénieurs de la Ville de Montréal, soupçonnés d'avoir pris part à la collusion et à la corruption, font l'objet d'une enquête de la part de l'Ordre des ingénieurs du Québec, car on croit qu'ils ont dérogé à leur code de déontologie. Parmi ceux-ci, on retrouve Luc Leclerc, qui a reconnu devant la commission Charbonneau, avoir été un fonctionnaire corrompu et avoir eu des liens avec le parrain de la mafia montréalaise. M. Leclerc a longtemps présidé le syndicat des ingénieurs de la Ville de Montréal.