Un psychologue qui a témoigné jeudi pour la défense au procès de Michel Cadotte a soutenu que l'état d'esprit de l'accusé était devenu « perturbé » lorsque sa femme gravement atteinte de la maladie d'Alzheimer est morte.

Michel Parisien est le dernier témoin appelé à la barre par la défense au procès pour meurtre au deuxième degré de Jocelyne Lizotte, âgée de 60 ans et atteinte de la maladie d'Alzheimer au stade avancé, qui vivait dans un centre d'hébergement et de soins de longue durée (CHSLD). M. Cadotte a déclaré lundi au jury qu'il avait étouffé sa femme parce qu'il voulait mettre fin à ses souffrances. Le couple était marié depuis 19 ans.

Le psychologue a raconté jeudi qu'il avait rencontré M. Cadotte à quatre reprises, au printemps dernier, et lui avait fait passer des tests qui ont démontré selon lui un état de détresse qui existait bien avant le 20 février 2017 - jour du meurtre. Le témoin expert de la défense a soutenu que M. Cadotte était déchiré entre le désir de s'assurer que sa femme reçoive les meilleurs soins possible, et le souhait exprimé par Mme Lizotte de ne jamais vivre dans de telles conditions.

M. Parisien a noté qu'un diagnostic de dépression sévère, posé en 2013, suggère que la détresse de M. Cadotte durait depuis longtemps.

« Au moment du passage à l'acte, M. Cadotte était investi d'une conjointe qui avait changé sa vie », a écrit M. Parisien dans un rapport déposé au tribunal, jeudi.

« Il était pris entre protéger sa conjointe contre toute baisse de soins, et se soumettre aux demandes explicites (auxquelles lui-même et l'entourage familial consentaient) de cette conjointe (lorsqu'elle était encore saine d'esprit) de la soustraire de tout traitement et de bénéficier de l'aide à mourir lorsqu'elle deviendrait "inapte" à vivre », ajoute le psychologue.

Mercredi, le docteur Louis Morissette, psychiatre appelé par la défense, a estimé que M. Cadotte souffrait d'une dépression qui affectait sa capacité à prendre des décisions, mais il a soutenu que l'accusé n'était pas psychotique et qu'il savait distinguer le bien du mal.

Pendant son contre-interrogatoire, mardi, M. Cadotte a reconnu qu'il était parfaitement conscient de ce qu'il faisait et des conséquences de ses actes.

Un an avant le meurtre, il avait demandé pour son épouse l'aide médicale à mourir, mais on lui avait répondu que la dame n'y était pas admissible, car elle n'était pas « en fin de vie » et ne pouvait donner un « consentement éclairé ».

La défense a argué dans sa déclaration d'ouverture au jury la semaine dernière que M. Cadotte était tellement déprimé et privé de sommeil à l'époque qu'il « n'avait pas la liberté de choix » et que son état d'esprit ne justifie pas une condamnation pour meurtre.

Le procès se poursuivra lundi avec le témoignage de Gilles Chamberland, un psychiatre appelé par la Couronne.