Un ancien directeur de banque pensait sans doute que les 12 millions subtilisés à trois de ses clients lui assureraient une retraite dorée en Floride et au Liban, son pays d'origine. Bassam Salman passera plutôt les sept prochaines années derrière les barreaux, après s'être reconnu coupable de l'une des plus importantes fraudes bancaires de l'histoire du Québec.

L'homme de 62 ans, qui a travaillé 25 ans pour la Banque de Montréal (BMO), notamment comme directeur des services financiers à la succursale principale dans le Vieux-Montréal, avait mis au point un stratagème complexe pour détourner à son profit des millions de dollars des comptes de trois clients fortunés, sur une période de neuf ans.

Il était responsable des comptes et des placements des clients les plus importants. L'un d'eux a perdu 6 millions US (8 millions CAN), un autre 2,85 millions US (3,8 millions CAN) et un troisième 60 000 $US (79 000 $CAN).

Voitures de luxe et maison en Floride

Au moyen de transferts et de faux documents, le banquier faisait croire aux trois épargnants que leurs fonds étaient investis conformément à leurs directives. Mais c'est plutôt lui qui faisait main basse sur la cagnotte.

« Entre 2004 à 2012, l'accusé a fait un nombre incalculable d'opérations de transfert et créé un nombre incalculable de faux documents pour camoufler ces opérations bancaires frauduleuses », a souligné la juge Nathalie Duchesneau, dans sa décision rendue le mois dernier.

Selon l'enquête, l'argent a servi à acheter une propriété en Floride, des voitures de sport de luxe, à payer des rénovations domiciliaires et diverses dépenses de consommation pour Bassam Salman et sa famille.

Le stratagème a été détecté seulement après son départ à la retraite. La BMO a remboursé les clients lésés et porté plainte à la police en 2013 contre son ancien employé, qui vivait alors au Liban. Il a été arrêté en juin 2017, alors qu'il était de retour au Québec.

Pas assez payé

La banque a réussi à récupérer 150 000 $ en intentant une poursuite civile aux États-Unis, et 140 000 $ en acculant l'accusé à la faillite au Canada, ce qui a conduit à la vente de deux résidences à Saint-Constant et Saint-Hubert. Mais la trace de la majorité des fonds ou des biens de Salman n'a pu être retrouvée.

Bassam Salman a expliqué qu'il avait pigé dans les comptes de ses clients notamment parce qu'il estimait ne pas être rétribué à sa juste valeur. « Il était payé 40 000 $ par année, alors qu'il générait des revenus annuels de 27 millions CAN. Il considérait ne pas recevoir ce qu'il méritait », a rapporté la juge Duchesneau.

La peine de sept ans de détention était une suggestion commune de la défense et de la Couronne, qui tient compte des montants en cause, de la durée de la fraude et de la position de confiance qu'occupait Salman.

Il a aussi été condamné à une amende de 10,5 millions, à payer dans les 10 ans suivant sa sortie du pénitencier.