« Ça ne me dérange plus si je tue quelqu'un d'autre. » Quelques minutes après avoir publié ce message affreux sur Facebook, Illutak Anautak a ajouté deux phrases à glacer le sang. « J'en ai poignardé plus de 5 ! ! ! ! Ils sont morts ! ! ! ! » Le jeune homme venait de tuer trois membres de sa famille, dont un enfant, et de blesser gravement deux autres personnes dans le village inuit d'Akulivik. Il a été abattu par les policiers avant qu'il ne poursuive son massacre.

La folie meurtrière de l'homme de 19 ans a commencé vers 9 h samedi pour une raison toujours inconnue. Armé d'un couteau, il a poignardé cinq proches, dont deux enfants, dans trois maisons d'Akulivik, un village inuit de 681 âmes dans le Nord-du-Québec situé sur la baie d'Hudson.

Selon des sources policières et des proches des victimes interrogés par La Presse, les victimes du drame sont l'oncle du suspect, Lucassie Anautak, son jeune cousin Patulik et Eli Qinuajuak, le conjoint de sa tante Eva Anautak. Cette dernière et sa fille ont été gravement blessées. Elles reposaient dans un état critique hier.

« Les policiers auraient retrouvé l'individu alors qu'il aurait été armé d'un couteau et se serait apprêté à entrer dans une quatrième résidence. Les policiers auraient fait feu pour l'en empêcher. L'individu serait tombé au sol et se serait relevé pour avancer vers les policiers qui auraient tiré à nouveau, l'atteignant mortellement », a indiqué hier le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) qui a pris en charge l'enquête portant sur la mort du suspect. La Sûreté du Québec dirige l'enquête sur les meurtres et les tentatives de meurtre.

« Un bon frère »

Les proches d'Illutak Anautak étaient abasourdis par ces crimes innommables. « Je ne peux pas croire ce qu'il a fait ce matin... L'alcool est en train de ruiner la vie de tout le monde », a confié à La Presse son demi-frère. Au téléphone, l'adolescent de 16 ans, qui a demandé l'anonymat, était toujours secoué par les évènements. « C'était un bon frère... Je me sens si triste. Il prenait soin de moi... », a-t-il murmuré.

Sivanau Qulliq Oovaut est la cousine d'Illutak Anautak et se considère comme sa meilleure amie. L'adolescente de 17 ans était renversée par l'horreur du drame hier. 

« Je ne le crois pas. Je ne le crois pas... Il était bien, il n'était pas ce genre de personne. Je ne comprends pas... »

Son cousin faisait du bénévolat auprès des jeunes hockeyeurs du village et travaillait ici et là, dit-elle.

Jeudi, il l'avait prévenue qu'il partait en camping pour la fin de semaine, raconte-t-elle. « Je lui ai demandé : "Es-tu OK ?" Il m'a dit : "Je vais faire du canot." Je lui ai dit : "Fais attention." » Or, il n'est jamais parti pour une raison qu'elle ignore. « Je ne sais pas pourquoi il a fait ça... », lâche-t-elle, secouée. Elle ne connaissait pas l'identité des victimes au moment de l'entrevue. L'adolescente, qui habite le village de Quaqtaq, n'en peut plus : cinq de ses amis sont morts, ces dernières années. « Je déteste ça ! », lance-t-elle.

La Presse n'a pas été en mesure de joindre le maire du village ou un responsable de l'administration locale hier.

Ce n'est pas la première fois qu'un suspect armé est abattu par la police dans cette communauté inuite. En août 2013, un homme de 54 ans avait été tué par les policiers alors qu'il venait de faire feu sur un des leurs.

Photo tirée de Facebook

Illutak Anautak a écrit sur son compte Facebook avoir poignardé plus de 5 personnes.

Photo fournie

Eli Qinuajuak, l'une des trois victimes, et sa conjointe Eva Anautak, gravement blessée