La police croit avoir mis hors d'état de nuire un homme d'affaires qui en menait large dans la petite localité de Beauharnois, en Montérégie, et qui aurait contrôlé en sous-main un réseau de trafic de cocaïne.

Mario Péladeau, 46 ans, a été arrêté dans le cadre d'une enquête de la police de Châteauguay, qui est responsable de la sécurité publique dans plusieurs petites municipalités des environs.

Le quadragénaire possède notamment Le Bar du Pic, à Beauharnois, qui a été perquisitionné par les policiers. Mais il est aussi lié à un casse-croûte du coin, en plus d'offrir des services d'hébergement de travailleurs et de posséder une entreprise de gestion immobilière ainsi que sept propriétés dans la petite ville d'à peine 13 000 habitants.

En fouillant dans son entourage, les enquêteurs ont réalisé une des plus importantes saisies de stupéfiants de l'histoire du corps policier municipal.

AIDE DU PUBLIC

L'enquête baptisée Projet Garage a permis de saisir près de 2 kg de cocaïne, 115 000 $ en argent comptant, ainsi que 161 plants de cannabis, des armes de poing et des armes longues, a confirmé hier le service de police.

Au total, 16 personnes ont été arrêtées. Mario Péladeau est l'un des seuls qui est demeuré détenu et qui devra se soumettre à une enquête sur remise en liberté. L'homme d'affaires avait été déjà arrêté par la Sûreté du Québec (SQ) en 2016 pour d'autres infractions liées aux stupéfiants et était toujours dans l'attente de son procès lorsqu'il a été épinglé pour la deuxième fois.

La police de Châteauguay a bénéficié de l'aide de la SQ dans le cadre de son enquête. Mais la collaboration de membres du public qui ont fourni des informations s'est aussi révélée cruciale. « C'est toujours le public, la clé du succès. On a 130 policiers qui ont chacun deux yeux. Mais on a 68 000 citoyens avec deux yeux sur notre territoire », s'est félicité l'inspecteur René Beauchemin.

« IL FAUT ÊTRE CAUTIONNÉ »

L'enquête n'a pas encore permis de relier le réseau de Mario Péladeau à une organisation criminelle connue, mais l'inspecteur Beauchemin, qui a été responsable opérationnel des enquêteurs à la commission Charbonneau et a travaillé au sein d'escouades mixtes de lutte contre le crime organisé, ne se fait pas d'illusion à ce sujet.

« Ça n'existe pas, le trafic de stupéfiants local. Il faut être cautionné par une organisation criminelle, c'est toujours relié », dit-il.

Selon l'enquête, le réseau vendait la cocaïne au détail dans de petits sachets d'un demi-gramme qui se transigeaient à 40 $. Les revendeurs recevaient des petits sacs contenant 15 sachets individuels à la fois. Une grande quantité de ces sacs ont été saisis.

« Ils en avaient préparé pour une bonne période de temps », observe l'inspecteur Beauchemin.

Photo Martin Chamberland, La Presse

La drogue était divisée dans des sachets individuels.

Photo Martin Chamberland, La Presse

Mario Péladeau, arrêté hier, possède notamment Le Bar du Pic, à Beauharnois.