Un des plus importants casinos des États-Unis, le MGM Grand Hotel de Las Vegas, poursuit un joueur de poker montréalais pour 1,8 million, pour une dette contractée il y a deux ans qui n'aurait pas été remboursée.

Ouri Ohayon, visé par la poursuite déposée le 29 janvier au palais de justice de Montréal, aurait reçu 1 million US en crédit de MGM, en cinq versements, au cours d'une seule journée, le 2 mars 2017.

En ajoutant les intérêts, les frais d'avocats et les dommages réclamés par le casino, la dette du joueur totalise 1,8 million de dollars canadiens.

Cette somme a été confirmée dans un jugement rendu en décembre 2017 par le tribunal du district judiciaire du comté de Clark, au Nevada. Ouri Ohayon ne s'est pas présenté à son procès et n'a soumis aucune défense.

Le nom du Montréalais figure sur plusieurs sites web consacrés au poker. Le joueur est aussi apparu dans quelques épisodes de la série télé Poker Night in America, en 2017.

En avril 2018, il se trouvait sur la liste des joueurs participant au tournoi The Big Game, au club de poker Playground, à Kahnawake, aux côtés du champion Jonathan Duhamel.

Auto saisie

D'autres créanciers sont aussi aux trousses d'Ouri Ohayon. La Banque Royale, Amex Bank of America, la Banque de Montréal et la Banque de Nouvelle-Écosse ont toutes intenté des poursuites contre lui, en 2018, pour des dettes impayées totalisant 635 000 $, selon les documents déposés au palais de justice.

118 000 $ : c'est la valeur d'un Cadillac Escalade acheté par Ouri Ohayon à l'aide d'un prêt qui n'a pas été remboursé. La Banque Royale a obtenu du tribunal, le 31 janvier, un jugement lui permettant de saisir le véhicule.

Un huissier a d'abord tenté de saisir le véhicule à la demande du créancier. Dans les documents judiciaires, l'huissier explique toutefois que l'adresse fournie par Ouri Ohayon lors de l'achat du véhicule s'est révélée fausse.

Joint au téléphone par l'officier de justice, l'emprunteur aurait affirmé qu'il n'avait pas l'intention de fournir sa véritable adresse ni de dire où se trouve le véhicule, selon la déclaration de l'huissier.

Le Cadillac Escalade a finalement été saisi, avant jugement, lors du changement de pneus chez le concessionnaire, en novembre dernier.

Cocktails Molotov

En 2013, Ouri Ohayon s'est présenté, dans un reportage du Toronto Star, comme le copropriétaire du restaurant casher Chops, dans l'ouest de Montréal, qui venait alors d'être la cible d'une attaque au cocktail Molotov. C'était la troisième fois depuis 2011 que l'établissement était visé par des incendiaires.

À l'époque, une possible guerre entre restaurants casher avait été évoquée pour expliquer les attaques, puisqu'un autre restaurant servant ce type de menu et la résidence d'un homme d'affaires juif avaient aussi reçu des cocktails Molotov, la même journée que le Chops, en 2013.

Cette semaine, une employée du restaurant a affirmé qu'Ouri Ohayon n'y travaillait plus. Les autres tentatives pour le joindre, afin de lui permettre d'expliquer son litige avec le casino MGM, sont demeurées vaines.

Un casino, une journée, un million

Les casinos de Las Vegas offrent du crédit aux gros joueurs, pour qu'ils puissent continuer à s'adonner à leur passion le plus longtemps possible. Les adeptes peuvent demander des « markers », qui sont l'équivalent de chèques faits au nom du casino. L'établissement accepte de ne pas les encaisser, en autant que le joueur les rembourse au bout d'un certain temps. Les gains d'un joueur peuvent être utilisés pour rembourser ses « markers ». 

Le casino doit en principe vérifier les fonds disponibles dans le compte d'un client ainsi que son dossier de crédit avant de déterminer quel montant peut lui être octroyé. Le contrat de crédit du MGM Grand indique d'ailleurs que l'emprunteur s'engage à avoir dans ses comptes « les fonds suffisants pour payer les markers sur demande ». Selon les lois du Nevada, ne pas payer ses « markers » est l'équivalent d'une fraude. Selon un reportage de Reuters, le procureur de district du comté de Clark, qui couvre Las Vegas, a poursuivi 2600 joueurs en 2015 pour des « markers » impayé. 

Un Canadien, l'homme d'affaires torontois Semion Kronenfeld, détient le record de la dette de jeu la plus élevée au Nevada : 13 millions, empruntés dans deux établissements en 2009, selon le Las Vegas Review Journal. Kronenfeld, qui a fait faillite, a expliqué qu'il avait tout perdu dans l'effondrement du marché immobilier en 2009. « J'ai été traité comme un roi dans les casinos américains et canadiens », a-t-il écrit dans les documents judiciaires. « J'ai obtenu des markers et je les avais toujours remboursés. À cause de ces pratiques, j'ai développé une dépendance au jeu pour laquelle je reçois maintenant des traitements. »