La Couronne a finalement retiré l'accusation d'entrave à un agent de la paix déposée contre un aspirant candidat du Bloc québécois qui avait interpellé Justin Trudeau lors de la fête nationale du Québec en juin dernier à Montréal.

Matthieu Brien avait plaidé non coupable à l'accusation déposée à la suite d'une prise de bec avec le premier ministre dans un parc de sa circonscription de Papineau. Son avocat, Marc Michaud, a indiqué que les accusations avaient été retirées jeudi lorsque la Couronne a admis qu'elle n'avait pas de preuve à présenter. L'accusation retirée, un juge a aussitôt prononcé l'acquittement. M. Brien a cependant accepté de ne pas communiquer en privé, directement ou indirectement, avec M. Trudeau.

Lors de la visite de M. Trudeau au parc Jarry à la Saint-Jean, le 23 juin dernier, M. Brien avait demandé au chef libéral s'il était venu lui parler en anglais, et lui a ironiquement fait remarquer que sa fête à lui, la fête du Canada, n'aurait lieu que la semaine suivante. Il reprochait alors à M. Trudeau « d'être venu narguer » les Québécois chez eux. Le premier ministre a aussitôt répliqué qu'il était chez lui, avant de lancer que « l'intolérance n'avait pas sa place au Québec ». La scène avait été captée par les caméras de télévision.

M. Brien a rapidement été éloigné par les gardes du corps du premier ministre et c'est cette altercation qui a donné lieu à l'accusation d'entrave à un agent de la paix dans l'exercice de ses fonctions. Le souverainiste a plus tard annoncé qu'il solliciterait l'investiture du Bloc québécois dans Papineau, ce printemps, pour se présenter contre le premier ministre en octobre prochain. Habitant déjà cette circonscription, M. Brien avait tenté sans succès de briguer l'investiture du Bloc en 2015.

Interrogé à sa sortie de la salle d'audience, jeudi, M. Brien a qualifié l'issue de cet incident de « belle grande victoire pour la liberté d'expression, mais aussi pour le mouvement indépendantiste ».

Il a estimé par ailleurs que cette affaire ne nuirait pas à ses aspirations politiques. « Au contraire, j'ai l'impression que ça m'aide, d'une certaine façon. Par la force des choses, ça m'a fait connaître, donc je remercie M. Trudeau, je remercie les policiers : d'une certaine façon, c'est grâce à eux qu'il y aura un adversaire de taille dans Papineau, a-t-il estimé. Et vous savez, des patriotes de partout au Québec descendront dans Papineau. » M. Brien a d'ailleurs soutenu qu'il avait reçu « beaucoup d'amour et de commentaires positifs suite à l'altercation ».

M. Brien assure que malgré sa diatribe de l'été dernier, il est prêt à débattre « très calmement » avec M. Trudeau. « Je l'ai échappé un peu, moi, à la Saint-Jean, a-t-il dit. Je ne suis pas de même à l'année, certainement pas : c'était une exception à la règle. Et depuis ce temps-là, je fais la démonstration que justement, je suis capable de m'exprimer très calmement, de façon très posée, sans sacrer. »

Son avocat a précisé jeudi que la promesse de ne pas communiquer en privé, directement ou indirectement, avec M. Trudeau, ne s'appliquera pas au débat politique ordinaire.

Une décision définitive sur le choix du candidat souverainiste dans Papineau est attendue au printemps, mais M. Brien a déjà commencé son porte-à-porte. « La barre est haute : ça, je le concède », a-t-il dit à propos de ses chances de battre un premier ministre en exercice. « Moi, j'y vais : ça prend du courage, ça on me le reconnaît assez aisément, mais vous avez rien vu encore », a-t-il lancé.