À peine condamné, Jean Winsing Barthelus, alias Zing, lieutenant du chef de gang Gregory Woolley, sera libéré au cours des prochaines heures.

En juin dernier, Barthelus, 40 ans, a plaidé coupable à trois chefs de gangstérisme, complot pour trafic de cocaïne et trafic de cocaïne à la suite de son arrestation dans l'opération Magot-Mastiff. Cette opération de l'Escouade régionale mixte (ERM) et de la Division des produits de la criminalité de la Sûreté du Québec a permis de décapiter, le 19 novembre 2015, une alliance motards-mafia-gang qui dirigeait le crime organisé montréalais à cette époque.

Ce matin, le juge Marc David de la Cour supérieure a entériné une suggestion commune de la poursuite et de la défense et a condamné Barthelus à une sentence de 57 mois.

Mais en soustrayant la période passée en détention préventive depuis le 19 novembre 2015, qui est calculée en temps et demi et qui s'élève justement à 57 mois, Barthelus a été condamné à deux jours de prison, ce qui signifie qu'il pourrait être libéré aujourd'hui ou demain.

Trahi par un ancien complice

Un exposé des faits déposé lors du plaidoyer indique que le chef d'un réseau de trafic de stupéfiants opérant dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve (HOMA) -devenu délateur et dont on doit taire le nom- communiquait avec Barthelus qui faisait alors partie d'un gang appelé « Les Bronzés ». Le chef de réseau communiquait avec Barthelus pour commander des kilogrammes de cocaïne pour l'approvisionnement du secteur d'HOMA.

Selon le témoin repenti, ce dernier passait les commandes à Barthelus qui, par la suite, les communiquait à un autre complice à l'aide de messages encryptés. Le témoin a déclaré également que Barthelus lui avait présenté un individu qui s'occuperait des dépôts d'argent.

Diable, Hercule et Melon...

Lors de filatures durant l'enquête Magot-Mastiff, les enquêteurs ont observé Barthelus en compagnie de coconspirateurs, notamment Gregory Woolley et le bras-droit de ce dernier, Lou Cadet. Ils l'ont aussi vu en compagnie du chef de réseau devenu délateur de trafic de stupéfiants dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve - et dont on doit taire le nom -, de Réginald Joseph, de Gaétan Sévigny et du Hells Angels André Sauvageau.

En octobre 2014, les policiers ont effectué une fouille subreptice dans le Jeep Cherokee de Barthelus et saisi plus de 4200 $ en argent comptant.

Un an plus tard, ils ont perquisitionné le même véhicule et mis la main sur plus de 52  000 $ dans un sac orange portant l'inscription Jeans et sous le couvercle du pneu de secours.

L'argent était séparé dans des enveloppes. Sur l'une d'elles, portant l'inscription « Diable » se trouvaient 1000 $. Dans une enveloppe de Postes Canada portant l'inscription « Hercule » il y avait 5000 $. Enfin, il y avait 3000 $ dans une autre enveloppe affichant l'inscription « Melon 3000 » et 29 000 $ dans une autre sur laquelle il était écrit « Melon 29 ».

« Barthelus, homme de confiance de Cadet et Woolley, a tenu un rôle intermédiaire dans l'organisation criminelle », peut-on lire à la fin du document.

Une arme malgré un interdit

Barthelus a des antécédents criminels, notamment en matière de stupéfiants et de possession d'arme.

Il a été condamné à 30 mois pour gangstérisme, possession d'une arme à feu et trafic de stupéfiants à la suite de son arrestation en 2006. Il a reçu une autre sentence de 17 mois pour gangstérisme et possession de biens criminellement obtenus en 2010.

En 2012, il a été de nouveau arrêté avec une arme, alors qu'il était sous le coup d'une interdiction, et a été condamné à 30 jours.

Le juge David a reconduit l'interdit de posséder des armes à feu ce matin et a contraint Barthelus à fournir un échantillon d'ADN.

Rappelons que le patron de Barthelus, Gregory Woolley, purge actuellement une peine de huit ans de pénitencier -il lui reste un peu moins de trois ans à écouler- pour gangstérisme et trafic de stupéfiants.

La poursuite est assurée par Me Matthew Ferguson et Me Marie-Christine Godbout et la défense de Barthelus par Me Chantale Gariépy.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à

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