Du temps où Dominic Werotte était chef de la Division des affaires internes du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), l'enquêteur Normand Borduas travaillait « en silo » et était un « loner » dans son travail.

Celui qui a été à la Division des affaires internes du SPVM jusqu'en 2015 affirme qu'il avait des « réserves » par rapport à cet enquêteur, qui a piloté au cours des dernières années quatre enquêtes sur des policiers que l'on soupçonnait de parler à des journalistes.

À un certain moment, Dominic Werotte a pensé que « Borduas terminerait son dossier et quitterait la division ». Il venait alors d'apprendre qu'en demandant une ordonnance à un juge pour accéder au contenu de l'ordinateur du policier Roger Larivière, soupçonné d'abus de confiance, Normand Borduas avait omis de mentionner que des fichiers concernant des avocats s'y trouvaient. Cette situation avait créé des « frictions entre Borduas et le procureur de la Couronne », a dit Dominic Werotte, qui est aujourd'hui retraité du SPVM.

« Borduas m'a donné ses explications, il m'a expliqué le pourquoi de la chose au niveau de ses mandats. Je trouvais que ça manquait de transparence », a dit Dominic Werotte, selon lequel Normand Borduas était un enquêteur avec de « fortes convictions ».

Le patron immédiat de Normand Borduas, Costa Labos, l'a toutefois persuadé de le garder.

« Il m'a convaincu qu'il allait l'encadrer plus serré au niveau du dossier et que monsieur Borduas devrait avoir sa chance, étant donné qu'il y avait eu des erreurs de compréhension. Je me suis rallié à la position de son supérieur et monsieur Borduas est resté à la division », a-t-il dit.

« La Division des affaires internes, ce n'est pas la plus populaire du SPVM, a noté Dominic Werotte, qui l'a dirigée de 2013 à 2015. Des enquêteurs, ça ne court pas les rues. »

PAS DE « STATUT PARTICULIER » POUR PATRICK LAGACÉ

La protection des sources journalistiques n'était pas une préoccupation de la Division des affaires internes du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) au temps où Dominic Werotte en était le chef, a-t-il dit jeudi devant la commission Chamberland.

Il affirme ne pas avoir été informé au préalable que les relevés téléphoniques du journaliste Patrick Lagacé seraient obtenus par des enquêteurs pour savoir quel policier lui avait fourni une contravention obtenue par le maire Denis Coderre en 2012.

« Le fait que monsieur Lagacé est un journaliste, ça ne lui conférait pas un statut particulier. Si, dans le cadre d'une enquête, il y a des motifs qui sous-tendent une autorisation judiciaire [...], ce n'est pas parce que monsieur Lagacé est un journaliste qu'on ne fera pas la demande », a-t-il dit, avant d'ajouter qu'il n'a « pas de problème avec ça ».

Il a également estimé que pendant son passage à la Division des affaires internes, les fuites médiatiques avaient augmenté. « Au cours du temps, il y avait plus de fuites sur des éléments d'enquête. C'était plus préoccupant, effectivement. »

Dominic Werotte affirme toutefois qu'il n'y a jamais eu de « travail proactif » pour trouver l'origine des fuites du temps où il était au SPVM. « Il n'y a jamais eu de demande pour savoir qui parlait aux médias. »

Aujourd'hui : le témoignage de Patrice Carrier, inspecteur-chef aux enquêtes criminelles, se poursuit.