Le violeur en série Samuel Moderie, qui était de retour devant les tribunaux lundi après avoir plaidé coupable à 24 chefs d’accusation en décembre, subira dans les prochaines semaines une évaluation afin de déterminer s’il doit être déclaré délinquant dangereux.

« Il existe des motifs raisonnables de croire que Samuel Moderie pourrait être déclaré délinquant dangereux ou délinquant à contrôler », tranche le juge Pierre Dupras dans une décision rendue ce lundi. C’est le procureur au dossier, Me Jérôme Laflamme, qui en a fait la demande. La défense ne s’y est pas opposée.

Surnommé le « violeur de Tinder », Moderie a piégé plusieurs femmes sur des applications de rencontre pour les droguer, les agresser sexuellement et filmer l’acte alors qu’elles étaient inconscientes. L’homme de 28 ans a admis il y a quelques mois, en décembre, sa culpabilité pour des actes criminels touchant 13 femmes qu’il a violées, droguées ou filmées à leur insu.

Dans sa décision, le juge Dupras insiste sur le fait que « l’agression sexuelle et l’administration de substances soporifiques sont des sévices graves à la personne ». Par ailleurs, les faits admis durant le plaidoyer de culpabilité ainsi que les antécédents judiciaires de Moderie justifient une telle évaluation, ajoute le magistrat.

Moderie avait en effet déjà été condamné en 2019 à deux ans de prison pour des viols armés et des actes de voyeurisme dont la victime était une femme de son entourage, qu’il avait aussi droguée avec un somnifère et filmée pendant ses agressions.

Deux mois de délai

Tout indique que c’est l’Institut national de psychiatrie légale Philippe-Pinel qui réalisera cette évaluation. L’établissement dispose d’une période maximale de 60 jours pour le faire. Samuel Moderie, lui, doit revenir devant la Cour le 6 août prochain.

On ne connaît pas encore la sentence du violeur en série. Au Canada, quand un individu est déclaré « délinquant dangereux », le tribunal peut notamment lui imposer une peine d’une durée « indéterminée » dans un pénitencier, voire assortir la peine d’une période de surveillance « de longue durée » pouvant s’échelonner sur une période de dix ans.

Plusieurs des femmes que Samuel Moderie a droguées avec des benzodiazépines (anxiolytiques vendus notamment sous le nom de Xanax ou de Valium) n’avaient aucun souvenir de l’agression. C’est en visionnant des images récupérées dans le téléphone cellulaire et le matériel informatique de Moderie que les enquêteuses ont identifié puis éventuellement contacté certaines de ses victimes.

Il utilisait souvent le même modus operandi. Il obtenait d’abord des rendez-vous avec des femmes grâce à des applications de rencontre comme Tinder, Badoo et JALF, puis les droguait en dissimulant la substance dans de l’alcool ou de la nourriture.

Toujours détenu depuis son arrestation fin janvier 2023, l’homme agressait généralement ses victimes à leur domicile, en faisant des mises en scène qu’il photographiait et filmait avec son téléphone alors que les femmes étaient inconscientes. Au moins une des agressions s’est produite alors que l’enfant handicapé d’une des victimes se trouvait dans la maison.

Avec Tristan Péloquin, La Presse