Libéré depuis moins d’un mois, l’homme d’affaires Tony Accurso a été de nouveau arrêté par les policiers de la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes, mardi soir, et renvoyé derrière les barreaux, après avoir prétendument non respecté l’une de ses conditions de remise en liberté.

Alors qu’il lui est interdit d’être en contact avec des individus ayant des antécédents criminels, les autorités se seraient rendu compte que Tony Accurso a comme voisin immédiat son cousin, Giuseppe Molluso, qui avait été arrêté en 2013 avec Accurso et l’ancien maire de Laval Gilles Vaillancourt, dans l’importante enquête Honorer par laquelle l’Unité permanente anticorruption (UPAC) a mis fin à un système de collusion qui a duré des années dans l’île Jésus.

Accurso, 72 ans, avait été reconnu coupable par un jury en 2018, mais il avait porté en appel sa cause, qui s’est rendue jusqu’en Cour suprême. L’été dernier, le plus haut tribunal du pays a refusé d’entendre sa demande et Accurso a été incarcéré pour commencer à purger une peine de quatre ans.

Or, puisque son crime a été commis il y a plusieurs années, Accurso a pu bénéficier d’une ancienne procédure du système carcéral qui n’existe plus aujourd’hui, l’examen expéditif, qui permettait aux délinquants non violents d’être libérés au sixième de leur peine.

Accurso aurait appelé lui-même

Dans la nuit de lundi à mardi, quatre coups de feu ont été tirés sur la résidence de Giuseppe Molluso, et selon nos informations, ce serait Tony Accurso lui-même qui aurait appelé son agente de libération pour lui apprendre que cet évènement venait de survenir tout près de chez lui.

Toujours selon nos renseignements, les Services correctionnels auraient appris de cette façon la proximité entre Accurso et son cousin, alors que les deux seraient pourtant voisins depuis des années.

Les Services correctionnels ont ensuite demandé aux policiers de la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes d’arrêter l’homme d’affaires.

« En fin d’après-midi, les Services correctionnels canadiens ont lancé un mandat d’arrestation contre M. Accurso, car il aurait brisé l’une de ses conditions. Nos policiers l’ont transporté à l’Établissement de Saint-Jérôme, qui est notre pont de chute pour de telles arrestations », a expliqué à La Presse l’inspecteur Jean-Philippe Labbé, de la Régie de police du Lac des Deux-Montagnes.

Depuis mardi soir, la libération conditionnelle de Tony Accurso est suspendue.

Son agente de libération aurait un pouvoir discrétionnaire et pourrait décider de sa libération ou non dans les 30 jours.

Si les Services correctionnels décident de le maintenir en détention, M. Accurso devra de nouveau, dans les 90 jours, se présenter devant un commissaire aux libérations conditionnelles qui décidera de libérer l’homme d’affaires ou de révoquer sa libération.

La famille ciblée

En 2022, des véhicules, résidences et entreprises liés à des membres de la famille Accurso ont été les cibles de plusieurs méfaits consécutifs, mais la situation s’est calmée en 2023.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Une résidence privée de Deux-Montagnes appartenant à la fille de Tony Accurso avait été la cible d’un incendie en 2022.

C’est la Sûreté du Québec qui enquête sur les méfaits visant les propriétés de la famille Accurso. L’une des hypothèses est que l’homme d’affaires et les membres de son entourage soient victimes d’une tentative d’extorsion.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.