Un enseignant en économie au collège Stanislas a profité du confinement pandémique pour avoir des discussions sexuellement explicites sur les réseaux sociaux avec deux de ses élèves. Alexandre Gagné leur envoyait régulièrement du contenu pornographique duquel il prétendait être la vedette.

L’histoire jusqu’ici

20 mars 2023

Alexandre Gagné, un enseignant au collège Stanislas, est accusé de plusieurs crimes sexuels sur des élèves.

5 juin 2023

Le Collège Stanislas lance une enquête indépendante pour faire la lumière sur plusieurs allégations de nature sexuelle.

15 décembre 2023

Alexandre Gagné plaide coupable à un chef d’accusation pour avoir envoyé des images pornographiques à deux élèves.

Le Montréalais de 49 ans faisait face à de très graves accusations pour des crimes sexuels commis à l’égard de six mineurs, dont exploitation sexuelle, agression sexuelle et leurre. Or, Alexandre Gagné s’en est tiré à bon compte vendredi en plaidant coupable à un unique chef d’avoir rendu accessible à un mineur du matériel sexuellement explicite.

Une enquête de La Presse a aussi révélé le printemps dernier qu’Alexandre Gagné aurait contacté d’autres mineurs, alors qu’il travaillait dans d’autres établissements scolaires, dont l’école Liberté-Jeunesse à Sainte-Marthe-sur-le-Lac et le collège Jean-Eudes à Montréal. Aucune accusation n’a toutefois été portée à la suite de notre enquête.

Lisez « Accusé de crimes sexuels : un enseignant visé par de nouvelles allégations »

Alexandre Gagné enseignait au moment des faits au collège Stanislas, un établissement privé qui offre le cursus scolaire de France. Au début de la pandémie, au printemps 2020, il a commencé à échanger avec deux adolescentes de 16 ans sur l’application Snapchat, un réseau social prisé par les jeunes.

Son groupe Snapchat avec sa première victime était nommé « Les 3 Petits Cochons & La Salope ». Pendant leurs échanges, Alexandre Gagné parlait de façon très crue de pornographie avec l’adolescente et lui demandait si elle en consommait. Il lui a rapidement envoyé du matériel pornographique où il prétendait être l’homme ayant des relations sexuelles dans les vidéos.

Alexandre Gagné se vantait aussi auprès de la victime d’avoir un compte Onlyfans, un réseau social où des personnes peuvent offrir du matériel érotique contre rémunération.

Il semblait particulièrement fier de ses exploits sexuels et le laissait savoir en termes crus à l’adolescente. Il se vantait aussi de participer à des vidéos sur le populaire site Pornhub.

Même modus operandi avec la deuxième victime, à qui il envoyait des photos de son pénis, entre autres. Alexandre Gagné faisait aussi valoir ses exploits sexuels et discutait de sexualité avec l’adolescente. Il cherchait notamment à avoir des détails sur sa vie sexuelle.

Un rapport « confidentiel »

Le juge Pierre Dupras a ordonné la confection d’un rapport présentenciel et sexuel afin de déterminer la peine appropriée. La peine minimale est de 90 jours à purger la fin de semaine, puisque le chef d’accusation a été déposé par procédure sommaire, ce qui est moins grave que par acte criminel.

L’arrestation d’Alexandre Gagné avait provoqué un branle-bas de combat au collège Stanislas. La Presse avait aussi révélé qu’un autre enseignant était visé par une enquête policière pour voir commis des gestes de nature sexuelle à l’endroit de deux élèves. Ces allégations avaient été dissimulées, selon nos sources.

Lisez « Collège Stanislas : un autre enseignant visé par une enquête pour “inconduites sexuelles” »

En juin dernier, le Collège a admis que la culture de l’établissement scolaire n’était plus « en phase » avec la société et a lancé une enquête indépendante. Contacté par La Presse cet automne, le Collège a refusé de nous remettre une copie du rapport « confidentiel ». Un « plan d’action » a tout au plus été présenté aux familles et au personnel en novembre dernier.

MAnna Levin a représenté le ministère public, alors que MAnne-Geneviève Robert a défendu l’accusé.