Un père qui s’est servi de sa fille comme esclave sexuel pendant plus d’une décennie écope de la peine maximale en matière d’inceste. Jean Blais passera 14 ans derrière les barreaux. Un soulagement pour la victime, qui a passé cinq ans devant les tribunaux en raison des nombreux reports.

Il s’agit d’une peine plus lourde que celle proposée par la Couronne, soit 12 ans. Pour Cynthia Blais, la victime au cœur du dossier, un interminable cauchemar a pris fin lundi matin au palais de justice de Laval. Des larmes font briller son regard. Elle affiche un sourire de soulagement. Enfin, c’est fini.

« Je n’imaginais même pas que c’était possible d’avoir les épaules aussi légères. J’avais ma vie sur pause, maintenant je peux avancer et faire des projets », a-t-elle confié à la fin de la sentence.

Il nous est possible de la nommer puisqu’elle a fait lever l’ordonnance de non-publication qui protégeait son identité et celle de son agresseur.

Il est extrêmement rare qu’un juge surpasse la peine suggérée par la Couronne.

« L’inceste, c’est comme un meurtre sans cadavre », a déclaré le juge Serge Cimon en livrant la sentence de Jean Blais, condamné à 14 ans de prison. Il s’agit d’une peine très sévère pour l’homme accusé d’agression sexuelle sur sa fille, alors que la Couronne demandait 12 ans de prison.

Il la traitait comme sa femme

Cynthia Blais regardait l’émission pour enfants Bob le bricoleur à la télévision la première fois que son père l’a violée. Elle avait sept ans.

Il a recommencé moins d’une semaine plus tard, puis a continué à raison d’une ou deux fois par semaine. Les attouchements sont devenus des agressions sexuelles complètes.

Quand elle a indiqué que ça lui faisait mal, il lui a dit « qu’elle allait s’habituer. »

Jean Blais a continué à manipuler sa fille durant son adolescence. Si elle voulait de l’argent de poche, passer la nuit chez une amie, aller au restaurant ou au cinéma, elle devait lui promettre de lui faire une fellation. […] Il fallait payer pour obtenir le moindre « privilège. »

L’avocat de la défense, MMario Lavigne, demandait cinq ans pour son client.

Dans sa lecture du jugement d’une quarantaine de pages, le juge Cimon a souligné la résilience et le courage de Cynthia Blais, qui est passée de victime à survivante. « Elle est aujourd’hui une combattante qui reprend lentement et sûrement le contrôle de sa vie », a salué le juge.