La Gendarmerie royale du Canada (GRC) vient de prendre en charge l’enquête criminelle déjà amorcée par la police de Montréal sur le discours prononcé par le controversé imam Adil Charkaoui pendant une récente manifestation à Montréal, dans lequel il parlait d’exterminer les « ennemis du peuple de Gaza ».

C’est l’Équipe intégrée de la sécurité nationale (EISN) de la GRC qui poursuivra le travail déjà amorcé par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) afin de déterminer s’il y a eu incitation à la haine ou autre infraction criminelle. Signe de l’importance accordée au dossier, c’est le corps policier fédéral lui-même qui a demandé à prendre les choses en main.

« Le dossier du discours prononcé par Adil Charkaoui au cours d’une manifestation a été transféré à la Gendarmerie royale du Canada, à sa demande », a confirmé à La Presse le service des communications du SPVM jeudi matin. La GRC a aussi confirmé l’information qu’elle est désormais responsable du dossier.

Discours filmé

M. Charkaoui avait été filmé alors qu’il haranguait la foule lors de la manifestation en appui au peuple palestinien du 28 octobre dernier.

« Allah, charge-toi de ces agresseurs sionistes. Allah, charge-toi des ennemis du peuple de Gaza. Allah, recense-les tous, puis extermine-les. Et n’épargne aucun d’entre eux ! », a-t-il lancé en arabe.

Le premier ministre François Legault avait réagi en évoquant « de l’incitation à la haine, à la violence ». « Et moi, je compte sur les policiers pour faire leur travail, avait-il ajouté. Ce n’est pas moi à leur dire comment faire leur travail, mais inciter à la violence, ce n’est pas permis. »

Adil Charkaoui s’était ensuite défendu d’avoir fait un appel à la haine et à la violence envers les Juifs. Il s’agissait en fait d’un appel à Dieu et jamais il n’a prononcé le mot « Juif », a-t-il expliqué dans une vidéo diffusée en direct sur un réseau social. Il disait aussi citer le coran pendant son discours.

Par ailleurs, plusieurs sources fiables qui ont requis l’anonymat, car elles ne sont pas autorisées à parler du dossier ont confirmé à La Presse que contrairement à des informations qui ont circulé récemment, M. Charkaoui ne détient pas de permis d’arme à feu. L’imam s’est bien pris en photo avec un fusil de chasse avant de diffuser l’image sur les réseaux sociaux, mais il ne s’agit pas d’une infraction pour autant aux yeux des autorités, car il est permis d’accompagner un détenteur de permis à la chasse.

Nombreux démêlés

Adil Charkaoui a été emprisonné en vertu d’un certificat de sécurité au début des années 2000, car les autorités canadiennes le soupçonnaient d’être un agent dormant de groupe terroriste Al-Qaida. Il a été libéré parce que le gouvernement canadien ne voulait pas dévoiler devant la cour la source des informations obtenues à son sujet. Il n’a jamais été accusé d’un crime en lien avec ces soupçons et il poursuit le gouvernement canadien en dommages depuis 13 ans. Le dossier est toujours pendant devant la Cour supérieure du Québec.

Plusieurs disciples de l’imam sont par ailleurs partis en Syrie dans le but de rejoindre les groupes djihadistes dans le cadre de la guerre civile qui déchirait le pays.

Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse