(Ottawa) Une policière qui avait été agente de liaison entre la police d’Ottawa et les manifestants du « convoi de la liberté » à l’hiver 2022 a déclaré jeudi au procès de deux organisateurs que Chris Barber lui avait confié dès les premiers jours que les choses devenaient « hors de contrôle » et dangereuses.

L’agente Nicole Bach a déclaré que dès le 2 février 2022, environ trois jours après l’arrivée des manifestants au centre-ville d’Ottawa, M. Barber lui a déclaré que le convoi avait « perdu de vue » son objectif premier.

Mme Bach a également soutenu que M. Barber avait souligné dès le début que les manifestants manquaient de nourriture et de carburant pour leurs véhicules.

La policière est l’un des trois agents de liaison de la police qui doivent être appelés à la barre au procès pénal de Chris Barber et Tamara Lich.

Les deux coaccusés font face notamment à des accusations de méfaits, pour avoir amené des milliers de gros camions à Ottawa afin de protester contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19 – et contre le gouvernement libéral de Justin Trudeau en général.

L’agente Bach a témoigné jeudi de ses interactions avec M. Barber et d’autres participants du convoi au cours des trois semaines où ils étaient stationnés dans le centre-ville de la capitale. Elle a déclaré au tribunal que M. Barber lui avait dit dès le 1er février que « les gars manquaient de carburant et de nourriture » et qu’« il faudra bien régler ces problèmes parce qu’ils ne vont pas disparaître ».

Mme Bach a aussi rappelé que M. Barber l’avait informée que les participants du convoi séjournaient dans deux hôtels du centre-ville d’Ottawa, le Swiss Hotel et l’ARC Hotel, qu’il surnommait les « salles de crise » (« war rooms »).

Mme Bach a indiqué dans son témoignage que pendant qu’elle se coordonnait avec M. Barber au début de la manifestation, elle a observé une « impasse totale » au centre-ville d’Ottawa. Elle a indiqué que les manifestants étaient agités et ne collaboraient pas beaucoup avec les policiers.

Plus tard, le 9 février, le ton de M. Barber avait changé, a-t-elle ajouté lorsqu’il lui a prévenu que le convoi ne quitterait Ottawa que si le premier ministre Justin Trudeau reconnaissait son groupe et levait les restrictions sanitaires liées à la pandémie.

Elle a aussi soutenu que M. Barber l’avait prévenue que ce serait une « grave erreur » de lancer une opération policière forcée, avec tenue antiémeute.

Tout au long de son témoignage, Mme Bach a eu recours, pour se rafraîchir la mémoire, à des notes de conversations qu’elle avait eues avec d’autres agents de liaison de la police d’Ottawa.

La Couronne tente de démontrer au tribunal que Mme Lich et M. Barber ont exercé une influence sur les foules et les chauffeurs de poids lourds qui ont bloqué des rues du centre-ville d’Ottawa pendant trois semaines.

Mercredi, la policière Isabelle Cyr, une autre agente de liaison, avait déclaré au tribunal que le groupe de M. Barber et Mme Lich n’était qu’un convoi parmi d’autres à Ottawa.