Un homme barricadé qui a tiré en direction d’agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) l’hiver dernier a été déclaré non criminellement responsable en raison de ses troubles mentaux. Julien Giard voulait faire « sortir le mal » de son arme à feu et voyait des « têtes de mort » sur les policiers.

22 janvier 2023, dans le quartier Rosemont, la mère de Julien Giard appelle le 911, puisqu’elle s’inquiète de l’état de son fils. Celui-ci menace de lancer quelqu’un par la fenêtre, se parle tout seul et barricade même les portes de la résidence avec des meubles. Au 911, la femme indique que son fils a en main une perceuse.

Deux policiers arrivent sur les lieux et constatent que la porte d’entrée est bloquée par des objets. Un agent crie « police » à plusieurs reprises et n’obtient aucune réponse. Les policiers décident alors d’entrer pour protéger la mère du suspect et fracassent la porte principale. Soudain, une dénotation retentit dans la résidence, suivi d’une seconde. Les agents se replient aussitôt.

« On ne fait pas ça à une femme de 71 ans. Je vous l’avais dit que ça allait arriver », crie alors Julien Giard.

Le forcené sort finalement de la résidence sans arme et est maîtrisé par deux autres policiers à l’arrière de la résidence. Notons que les balles ont atteint le plafond et un mur, et non la porte de la résidence.

Dans son interrogatoire avec les policiers, Julien Giard explique avoir pris une « photographie du diable » ce matin-là. Il estime que les policiers lui ont tiré dessus en premier et qu’il s’est uniquement défendu de leur attaque. Déjà, il explique avoir l’intention de plaider la « folie passagère ».

La mère de Julien Giard a raconté aux policiers que son fils disait parler avec des gens par télépathie. Le matin de l’évènement, il l’avait réveillée en criant à la fenêtre : « Je suis prêt ». Son fils n’avait pas de suivi en santé mentale et souffrait d’alcoolisme et était en sevrage d’héroïne.

Le Montréalais de 49 ans souffrait au moment des faits d’un « trouble mental grave d’un registre psychotique » qui l’empêchait de distinguer le bien du mal, a conclu la psychiatre Kim Bédard-Charette dans un rapport déposé à la cour.

En raison de ses perceptions « délirantes d’un registre paranoïde », Julien Giard était en effet convaincu que des gens malveillants s’attaquaient à lui. Il a donc ouvert le feu, se croyant en légitime défense, explique la psychiatre dans son expertise.

Julien Giard sera détenu dans un institut psychiatrique. Son sort sera maintenant entre les mains de la Commission des troubles mentaux.

MAnnabelle Sheppard a représenté le ministère public, alors que l’avocat de la défense était MGaétan Bourassa.