Une piétonne de 84 ans qui a été happée par une dépanneuse de la Ville de Mont-Royal la veille a succombé à ses blessures mardi, confirment les autorités.

Son mari, un homme du même âge, « repose dans un état critique » à l’hôpital, indiquait mardi matin Mariane Allaire-Morin, porte-parole du Service de police de Montréal (SPVM).

L’accident s’est produit vers 11 h 20, lundi avant-midi. Le couple traversait la rue lorsqu’il a été heurté par la dépanneuse qui circulait direction nord sur le chemin Clyde pour ensuite effectuer un virage à gauche sur l’avenue Dresden.

Un feu pour les piétons avait été ajouté à peine l’an dernier à cette intersection, qui se trouve à deux pas des ateliers municipaux. On donne 20 secondes aux piétons pour traverser une avenue passante de quatre voies.

L’employé de la Ville qui était au volant de la dépanneuse et un deuxième travailleur qui a été témoin de la scène « sont traités pour choc nerveux », confirme la Ville de Mont-Royal, qui met à disposition de l’aide psychologique pour ses employés qui en auraient besoin.

Le maire de Mont-Royal, Peter Malouf, s’est désolé pour « la famille qui va souffrir » de cet évènement « soudain », devant les médias mardi.

« Étant donné qu’on a eu ce grave accident, il faut qu’on regarde l’enquête du SPVM. Peut-être qu’on aura des recommandations, des ajustements à faire », mentionne-t-il, soulignant notamment le temps alloué pour traverser.

En même temps, il y a une autre victime : l’employé qui l’a frappé. Je suis allé voir les travaux publics parce que c’est quelqu’un qui va vivre avec ça toute sa vie.

Peter Malouf, maire de Mont-Royal

M. Malouf affirme que l’employé impliqué est un jeune homme « qui prend ses responsabilités vraiment à cœur » malgré la tragédie.

Le maire juge l’évènement « regrettable » et « terrible pour les victimes », mais souhaite attendre que les policiers fassent leur travail avant de se prononcer davantage.

Problème plus profond

« Ce que ça nous dit : on n’arrive pas finalement comme société à protéger les usagers les plus vulnérables et ceux qui décident de se déplacer à pied », commente Véronique Fournier, porte-parole chez Piétons Québec, en réaction à cet évènement.

« Je ne comprends pas comment c’est arrivé. Pour moi, le conducteur était distrait », estime un résident de l’avenue Brookfield qui emprunte fréquemment cette traverse piétonne. « J’ai vu les personnes à terre avec une coulée de sang [lundi] et j’ai dirigé les policiers au bon endroit, mais je n’ai rien pu faire de plus. »

La circulation à cet endroit est assez importante, selon ce qu’a pu observer La Presse. Plusieurs voitures klaxonnaient et l’une d’entre elles s’est même beaucoup approchée d’un piéton qui passait.

Le résident, qui occupe son domicile depuis 22 ans, trouve par contre que l’intersection entre la rue Jean-Talon et le chemin Rockland, puis loin, de même que celle entre sa propre avenue et le chemin Clyde sont « plus dangereuses ». Il a même fait ajouter par la Ville un panneau devant chez lui pour indiquer aux automobilistes qu’il n’y a pas d’arrêt sur Clyde direction sud, il y a quelques années.

« Je vis ici depuis plusieurs années et on voit des accidents, mais c’est toujours des voitures. Ce ne sont jamais des piétons qui sont tués », ajoute un deuxième homme rencontré par La Presse, qui habite directement en face de l’intersection.

Le bilan de 79 piétons tués en 2022 a été le plus lourd des 15 dernières années à l’échelle de la province, rappelle Piétons Québec. De ce chiffre, 50 % sont des aînés.

Le ministre des Transports, Geneviève Guilbault, prévoit déposer son plan d’action en sécurité routière prochainement. Piétons Québec « espère une stratégie ambitieuse » de sa part.