Le maintien en poste d’une procureure en chef adjointe de la Couronne après de longues suspensions disciplinaires fait sourciller au sein de l’organisation, a appris La Presse.

MAnne Aubé est toujours responsable des équipes de procureurs en matière de crimes sexuels pour les régions de Laval, Lanaudière et des Laurentides, bien que son employeur ait sévi contre elle pour des insultes et des incivilités envers des collègues.

L’avocate a « insulté [ses] collègues en les décrivant comme des idiots » et a affirmé à une supérieure qu’elle faisait partie de la « tradition d’incompétence » du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), selon les avis disciplinaires qu’elle a reçus en février et mai derniers. À un autre supérieur, elle a fait « des remarques inutiles, condescendantes et insultantes sur sa vie personnelle, notamment sur le déroulement de son mariage », en plus de multiplier les actes d’incivilité et les propos agressifs.

MAubé a été suspendue de ses fonctions pour 10 jours l’hiver dernier et pour 20 jours au printemps en lien avec ces évènements, mais a conservé son poste de cadre. Une situation hautement inusitée, selon deux procureurs de la Couronne qui n’ont pas voulu être nommés par crainte de représailles.

« En raison des obligations de confidentialité qui nous incombent, le Directeur des poursuites criminelles et pénales ne peut formuler aucun autre commentaire relativement au traitement accordé à ce dossier, a indiqué MAudrey Roy-Cloutier, porte-parole du DPCP. En date de ce jour, elle est à l’emploi du DPCP à titre de procureure en chef adjointe dont le port d’attache est à Laval. »

MAubé n’a pas répondu à la demande d’entrevue de La Presse. L’Association des procureurs en chef du Québec n’a pas voulu commenter la situation puisqu’elle « ne représente pas les intérêts individuels de ses membres », a indiqué son porte-parole, Me Sébastien Bergeron-Guyard.

« Mesure abusive »

Les détails du dossier disciplinaire de MAubé se retrouvent dans l’espace public parce que l’avocate s’est adressée à la Commission de la fonction publique (CFP) pour faire annuler ses suspensions. Le tribunal administratif, réservé à certains fonctionnaires, a déterminé qu’il n’était pas habilité à se pencher sur cette question.

En plus de déposer copie des avis disciplinaires qu’elle a reçus de son employeur auprès de la CFP, MAubé a exposé son point de vue sur la situation dans un autre document.

« Cette suspension est une mesure abusive et faite dans le but de me harceler afin de solliciter mon départ ou de faire en sorte de me mettre en arrêt de travail. Je demande donc que cette mesure soit annulée, retirée de mon dossier et détruite, a écrit MAubé. Cette mesure intervient dans un contexte de harcèlement psychologique que je vis depuis mon arrivée dans cette nouvelle fonction. Une plainte en harcèlement psychologique sera d’ailleurs déposée prochainement. »

MAnne Aubé est avocate depuis 1993.