Le nom de Vanessa Desjardins, fille du caïd Raynald Desjardins, a rebondi dans une enquête de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) sur de présumés importateurs de cocaïne, a appris La Presse.

Mme Desjardins, agente immobilière de profession, n’a pas été arrêtée ni accusée.

Elle est toutefois nommée en tant que conspiratrice dans un chef général de complot déposé contre les cinq accusés de cette enquête de la GRC baptisée Camelot.

« Entre le 1er février et le 19 septembre 2022, à Saint-Mathias-sur-Richelieu, Lac-à-la-Tortue, Montréal, Laval, Terrebonne, Havre-Saint-Pierre et ailleurs au Québec ; à Barrie, Pickering, Vaughan et ailleurs en Ontario ; à Saint-Jean et ailleurs à Terre-Neuve et au Canada, ont illégalement conspiré entre eux et avec Vanessa Desjardins, Troy Basi et des personnes jusqu’ici inconnues, ladite conspiration ayant deux objets : possession en vue de trafic de cocaïne et trafic de cocaïne », détaille ainsi le chef d’accusation.

De plus, parmi les conditions qui ont été imposées aux suspects qui ont comparu dans cette affaire, on retrouve celle de ne pas communiquer avec Vanessa Desjardins.

« À ce stade, Mme Desjardins n’est visée par aucun mandat courant et ne le sera pas non plus prochainement. Elle nie toute implication dans cette affaire », a déclaré à La Presse son avocat, MAnthony El Haddad.

Kilogrammes volants

Le 6 juin dernier, la GRC a annoncé par voie de communiqué la mise en accusation de cinq individus soupçonnés de faire partie d’un réseau de trafic de cocaïne qui aurait mené ses activités au Québec, en Ontario et à Terre-Neuve-et-Labrador.

PHOTO FOURNIE PAR LA GRC

Le butin trouvé par les enquêteurs du projet Camelot

« L’enquête démontre que la cocaïne aurait été transportée à bord d’un hydravion des régions de Toronto et de Montréal vers Saint-Jean de Terre-Neuve. L’aéronef a été saisi, de même que 10 kg de cocaïne, trois armes à feu et une somme d’environ 32 000 $ », écrit la GRC dans son communiqué, ajoutant que l’enquête a été initiée par le Service de police de l’agglomération de Longueuil (SPAL) et menée en collaboration avec ce dernier par la suite.

L’appareil, qui fait l’objet d’une ordonnance de blocage, est un Cessna, modèle A185F construit en 1978, dont les lettres d’appellation sont C-GVND, qui est basé à Laval et qui appartient à Benoit David, selon un site d’enregistrement.

D’après nos recherches, le même Cessna était localisé à Saint-Augustin en 2018 et à Lac-à-la-Tortue en 2020.

Connus des policiers

Deux des suspects, Michael Duguay-Hallé, 37 ans, de Terrebonne, et William Thomas Webber, 42 ans, de Vaughan, en Ontario, ont été arrêtés, accusés et libérés provisoirement sous conditions, dont un dépôt de 15 000 $ chacun.

Duguay-Hallé est considéré par la police comme un importateur de cocaïne. Sa famille aurait des liens avec les motards et des groupes reliés à la mafia et au crime organisé traditionnel québécois, d’après les renseignements policiers.

En 2010, Duguay-Hallé avait été visé dans une enquête de la Sûreté du Québec baptisée Matamore ciblant des importateurs de cocaïne reliés à la mafia, selon des documents judiciaires que détient La Presse.

En 2012, il a plaidé coupable à une accusation de complot dans une affaire de cocaïne et a été condamné à 12 mois de prison.

PHOTO FOURNIE PAR LA GRC

De gauche à droite, les trois accusés recherchés par la police : Adham Haouili, Benoit David et Judith Zayas-Bazan

Trois autres accusés, Adham Haouili, 41 ans, Benoit David, 52 ans, et Judith Zayas-Bazan, 56 ans, tous de Laval, sont toujours recherchés par les enquêteurs de l’Unité mixte d’enquête contre le crime organisé de la Division C (Québec) de la GRC.

Haouili, qui est connu de la police en matière de fraude, serait le conjoint de Mme Desjardins d’après nos informations. Il se trouverait actuellement au Mexique, selon diverses sources qui ont requis l’anonymat.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.