« Ce que les enfants ont vécu est abominable. » Cette conclusion du juge Pierre E. Labelle résume l’horreur innommable qu’a fait vivre Elzefar McGurk à quatre fillettes de son voisinage qu’il utilisait comme des objets sexuels. Le pédophile a été condamné à une peine notable de 15 ans de détention lundi au palais de justice de Montréal.

Ce qu’il faut savoir

  • Elzefar McGurk est condamné à 15 ans de prison, une peine sévère.
  • Il a agressé sexuellement pendant des mois quatre fillettes âgées de 5 à 8 ans.
  • Il aurait pu faire d’autres victimes, selon le SPVM.
  • Il est déclaré délinquant à contrôler.

« C’est un baume sur le cœur. Mais en tant que mère, il aurait eu plus que ça. Il méritait bien plus que ça. Il a détruit la vie des enfants. Notre fille est traumatisée encore aujourd’hui. Je suis en attente pour un psychologue. Elle a peur d’aller à l’école. Elle a beaucoup de craintes. C’est très, très difficile », a confié après l’audience la mère d’une des victimes, maintenant âgée de 10 ans.

Une ordonnance de la cour protège l’identité des victimes.

Les gestes commis par Elzefar McGurk sont particulièrement sordides. Les quatre victimes, des fillettes âgées de 5 à 8 ans, ont été agressées pendant des mois en 2021 et 2022. Les enfants étaient régulièrement témoins des agressions des autres enfants dans l’appartement du prédateur, dans l’est de Montréal. Rares sont les affaires de pédophilie au Québec impliquant autant de jeunes victimes agressées à la même occasion.

Sans entrer dans les pires détails, l’homme de 29 ans recevait des fellations de la part des enfants et était masturbé par celles-ci. L’une des fillettes, manipulée par le prédateur, montrait à ses amies comment faire une fellation. Elzefar McGurk a aussi eu une relation sexuelle avec pénétration avec une victime.

Le prédateur visionnait de la pornographie juvénile avec ses victimes et filmait les agressions. Près de 3000 photos et 27 vidéos ont été retrouvées chez lui, dont plusieurs impliquant les victimes. Sur une vidéo où il agresse une enfant, on peut même voir un bébé.

Elzefar McGurk a agressé tellement souvent les victimes qu’il en a « perdu le compte ».

PHOTO FOURNIE PAR LE SPVM

Elzefar McGurk

Outre la reconnaissance de culpabilité de l’accusé, le juge n’a trouvé aucun facteur atténuant. Il a toutefois relevé une longue liste de facteurs aggravants, dont « l’immense vulnérabilité » des victimes, les conséquences importantes sur les victimes et le fait qu’il « groomait » les enfants, une façon d’appâter les victimes. Son risque de récidive est également élevé, indique le juge.

Selon les rapports d’évaluation, Elzefar McGurk percevait ses victimes « comme de simples objets sexuels, facilement manipulables » et démontrait « peu de compassion » envers celles-ci. Il raconte avoir « normalisé » les agressions d’enfant à force d’en regarder en ligne. Il aurait « fort probablement » continué d’agresser les enfants s’il n’avait pas été dénoncé.

« Il nomme que la facilité d’accès et leur vulnérabilité sont des facteurs importants dans le choix des victimes. Il a également reconnu qu’il fut attiré par elles et que cette attirance a commencé lorsqu’il les voyait s’amuser dans la cour arrière. Il les a investies sexuellement et il les a perçues comme de simples objets sexuels, facilement manipulables », conclut le rapport d’expertise sexologique.

La mère d’une des victimes s’en veut encore d’avoir fait confiance à cet homme de son voisinage. « En tant que mère, j’aurais dû comprendre. J’aurais dû allumer que ma fille souffrait », a-t-elle soufflé, la voix étranglée par l’émotion.

« On lui donnait de la nourriture, on l’aidait. J’étais de bon cœur. J’ai confiance en tout le monde. Des fois, tu dois te méfier de tes voisins », poursuit-elle.

Notons que la sévérité de cette peine découle directement de l’arrêt Friesen, une décision phare de la Cour suprême rendue en 2020 qui a durci considérablement les peines à l’égard des agresseurs d’enfants.

Sur sa peine de 15 ans, Elzefar McGurk a encore 12 ans et quatre mois à purger en tenant compte de la détention préventive.

Le prédateur a aussi été déclaré délinquant à contrôler. Il sera soumis à une surveillance de cinq ans à sa sortie de détention.

Deux ans après son arrestation, c’est seulement lundi que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a indiqué publiquement qu’Elzefar McGurk aurait pu faire d’autres victimes, selon les enquêteurs. Le SPVM « encourage les parents qui auraient des doutes ou des informations relatives à cet individu à communiquer » avec les forces de l’ordre.