La poursuite demande quatre ans de pénitencier, et la défense, 18 mois de prison, pour le mafieux Nicola Spagnolo reconnu coupable de voies de fait graves en décembre dernier.

Spagnolo, 48 ans, a poignardé le client d’un bar du Vieux-Montréal – le nom de la victime est couvert par un interdit de publication – à la suite d’une dispute survenue à l’extérieur de l’établissement, le 2 août 2020.

Le jeune homme a deux cicatrices de 30 et de 15 centimètres de long, au ventre et au flanc. Il a passé quatre jours à l’hôpital et a été en convalescence durant trois mois.

Lors de sa plaidoirie sur la peine, qui s’est déroulée mercredi matin au palais de justice de Montréal, le procureur de la poursuite, MMatthew Ferguson, a lu au juge Yves Paradis de la Cour du Québec une déclaration de la victime dans laquelle cette dernière affirme notamment souffrir de stress, d’anxiété, de méfiance, d’hypervigilance et de paranoïa depuis les évènements.

La victime, qui est un travailleur autonome, a perdu trois mois de revenus et a dû recommencer à travailler plus tôt que prévu, pour être en mesure de payer son loyer.

« Je crains de vivre des représailles. J’ai peur tout le temps et partout. Je suis nerveux lorsqu’une voiture inconnue se gare près de chez moi », a lu MFerguson, citant le jeune homme.

« Le geste de M. Spagnolo commis sans avertissement a été vicieux, sournois et lâche », a ajouté le procureur, considérant également en tant que facteurs aggravants les antécédents du mafieux, la gravité des blessures et leurs conséquences pour la victime, et le fait qu’au moment du crime, Nicola Spagnolo, qui avait 45 ans, « n’était pas un jeune homme ».

« Il a eu le temps et l’espace pour s’éloigner de la victime mais à la place, il est revenu pour la confronter », a ajouté MFerguson.

La victime « a cherché le trouble »

« Il y a des situations qui ne s’excusent pas mais qui s’expliquent. Ce n’est pas mon client qui a provoqué l’incident et qui a mis de l’huile sur le feu », a rétorqué l’avocate de Spagnolo, MDanièle Roy, soulignant l’état d’intoxication de la victime.

« C’est elle qui a cherché le trouble. Il n’y a pas eu de préméditation ni d’acharnement », a poursuivi la criminaliste qui a utilisé le mot « picosser » pour décrire le comportement de la victime envers son client.

MRoy a également fait valoir que les derniers antécédents criminels de Spagnolo remontaient à sept ans avant le crime et qu’ils n’ont « rien à voir » avec le dossier actuel.

« C’est un évènement isolé. Il n’y a pas de craintes de récidive. Comment pourriez-vous vous écarter de la fourchette [de peine] de 15 à 24 mois » ?, a demandé MRoy au juge Paradis.

La criminaliste a dit que son client lui a fait part de ses remords et de sa sympathie envers les conséquences vécues par la victime, et qu’il n’écartait pas l’idée de la dédommager financièrement pour ses pertes de revenus durant trois mois.

MRoy a demandé au juge à ce que son client ne soit pas incarcéré immédiatement pour pouvoir assister à un évènement familial qui aura lieu dans les prochaines semaines.

Le juge Paradis rendra sa décision le 12 juillet prochain.

Spagnolo est considéré par la police comme un membre du clan sicilien de la mafia montréalaise mais l’agression contre un client de bar le 2 août 2020 n’est pas relié à la mafia.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.