Après avoir enlevé un couple de septuagénaires américains et les avoir emmenés de force dans un chalet de Magog, des ravisseurs ont pris une photo de leurs otages, que la police a plus tard obtenue et qui lui a permis de savoir qu’elle était au bon endroit, une heure avant que les victimes soient sauvées et les suspects, appréhendés.

C’est ce qu’un membre du Groupe tactique d’intervention (GTI) de la Sûreté du Québec (SQ) a raconté mardi au premier jour du procès devant jury de Gary Arnold, 54 ans, accusé d’avoir enlevé, menacé et séquestré Sandra et James Helm, en septembre 2020.

Dans leur déclaration d’ouverture, les procureures de la Couronne ont raconté que le couple de septuagénaires avait été enlevé parce que leur petit-fils avait été impliqué dans une importation de drogue qui avait mal tourné, et que les ravisseurs avaient ainsi voulu obtenir une rançon pour remplacer les pertes subies.

« Le couple profitait tranquillement de son dimanche soir quand il s’est fait enlever », a décrit la procureure MKim Chaïken au jury.

Selon la théorie de la poursuite, le couple, qui habite Moira, dans l’État de New York, a d’abord été déplacé jusqu’à la réserve d’Akwesasne par des complices d’Arnold.

Par la suite, les malfaiteurs ont emmené M. et Mme Helm dans un chalet de la Grande-Allée à Magog, où ils ont été séquestrés durant deux jours.

Des chaises bleues

Patrick Deserres, membre du GTI de la SQ, a raconté aux jurés que le 29 septembre 2020, vers midi, lui et les membres de son équipe ont reçu un appel de leur supérieur leur ordonnant de se rendre dans le secteur de Georgeville, à Magog.

Chaque membre du GTI a reçu sur son téléphone cellulaire une photo d’un couple qui aurait été enlevé et qui pourrait être séquestré dans un chalet de la Grande-Allée.

Les lieux du crime
  • C’est dans ce chalet de la Grande-Allée, à Magog, que les deux Américains ont été séquestrés les 28 et 29 septembre 2020.

    PHOTO DÉPOSÉE EN COUR

    C’est dans ce chalet de la Grande-Allée, à Magog, que les deux Américains ont été séquestrés les 28 et 29 septembre 2020.

  • C’est en s’approchant de la maison et en voyant ces chaises bleues que le policier Patrick Deserres a fait le lien avec la photo des victimes reçue un peu plus tôt sur son téléphone cellulaire.

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    C’est en s’approchant de la maison et en voyant ces chaises bleues que le policier Patrick Deserres a fait le lien avec la photo des victimes reçue un peu plus tôt sur son téléphone cellulaire.

  • Une grande pièce au sous-sol du chalet où les Américains ont été séquestrés

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    Une grande pièce au sous-sol du chalet où les Américains ont été séquestrés

  • Trois lits avaient été installés l’un à côté de l’autre dans une autre pièce, toujours au sous-sol.

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    Trois lits avaient été installés l’un à côté de l’autre dans une autre pièce, toujours au sous-sol.

  • Dans le chalet, les policiers ont trouvé un sac en cuir contenant des cartes au nom de Franco D’Onofrio et un bout de papier sur lequel avaient été inscrits le nom de Taylor Martin et un autre commençant par Gary.

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    Dans le chalet, les policiers ont trouvé un sac en cuir contenant des cartes au nom de Franco D’Onofrio et un bout de papier sur lequel avaient été inscrits le nom de Taylor Martin et un autre commençant par Gary.

  • Les suspects et les victimes semblaient sur le point de monter à bord de ce véhicule immatriculé en Ontario lorsqu’ils ont été surpris par les policiers de la SQ.

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    Les suspects et les victimes semblaient sur le point de monter à bord de ce véhicule immatriculé en Ontario lorsqu’ils ont été surpris par les policiers de la SQ.

  • Cette cagoule et ces gants ont été retrouvés dans l’un des bacs à ordures du chalet.

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    Cette cagoule et ces gants ont été retrouvés dans l’un des bacs à ordures du chalet.

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Après avoir fait un premier passage devant la propriété pour évaluer les lieux, quatre des policiers casqués, dont Patrick Deserres, se sont déployés devant chacune des façades de la résidence vers 16 h.

En s’approchant du chalet, Patrick Deserres a remarqué sur le patio la présence de chaises bleues, du même bleu qu’un bras de chaise qui apparaissait sur la photo des victimes envoyée à chaque agent.

« J’ai sorti mon cellulaire et regardé la photo. J’ai regardé le paysage et, à ma grande surprise, j’étais dans le même angle que la personne qui a pris la photo. La position des chaises, les cèdres et même le banc de parc de l’autre côté de la route, je pouvais garantir à 100 % que la photo avait été prise à cet endroit », a témoigné le policier.

« Couchez-vous par terre » !

Mais si les victimes se sont bel et bien trouvées là, rien ne prouvait qu’elles y étaient encore. Les policiers sont demeurés en observation jusqu’à ce que Patrick Deserres, toujours tapi dans le bois, voie un individu sortir de la maison, s’affairer durant quelques minutes autour d’un véhicule garé devant le garage, et revenir dans la résidence.

Quelques minutes plus tard, vers 17 h, soit une heure après le déploiement des policiers, cinq personnes sont sorties de la maison pour se diriger vers le véhicule.

Parmi ces personnes, l’agent Deserres a reconnu les deux victimes et il a attendu que le groupe soit loin de la porte, mais pas trop près du véhicule, pour donner le feu vert à ses collègues et lancer un ordre aux suspects.

« J’ai crié ‟Police !” et ‟Couchez vous par terre !” à deux reprises. En deux secondes, tout le monde était couché. J’ai mis la main sur l’épaule des deux victimes pour leur dire que nous étions policiers et que tout était terminé. Mon collègue et moi avons menotté les trois suspects », a poursuivi le témoin.

Les suspects arrêtés sur place étaient Franco D’Onofrio, Kosmas Dritsas et George Dritsas.

La preuve remise au jury démontre que le chalet appartient – du moins au moment des faits – à l’ex-femme de Franco D’Onofrio.

Le procès, qui se poursuit ce mercredi, doit durer au maximum huit semaines. La poursuite fera entendre en tout 14 témoins.

Dans sa déclaration d’ouverture, MChaïken a indiqué que durant la séquestration, M. Arnold était allé chercher un cathéter à l’hôpital pour Sandra Helm et que ce détail sera très important pour la suite des choses.

Le procès est présidé par le juge Michel Pennou, de la Cour supérieure. M. Arnold est défendu par MJohn T. Pepper alors que la poursuite est également représentée par Me Édith Lafontaine et MJustine Blair.

– Avec la collaboration de Mayssa Ferah, La Presse

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.