Un meurtre et une tentative de meurtre – tous deux par arme à feu – ont eu lieu à quelques heures d’intervalle dans la nuit de vendredi, à Montréal et à Laval. Dans les deux cas, un conflit lié aux gangs de rue pourrait être en trame de fond.

Cette flambée de violence a débuté vendredi soir dans l’arrondissement de Saint-Laurent, à Montréal. Vers 20 h, les policiers du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont été appelés à l’angle des boulevards Jules-Poitras et Deguire.

Cette intersection du nord-ouest de la ville est entourée d’un parc, d’immeubles d’habitation et de quelques commerces industriels.

Un homme de 28 ans a été retrouvé dans une voiture blanche, atteint par des projectiles d’arme à feu au haut du corps. Il était alors seul dans le véhicule, mais le SPVM n’a pas pu confirmer si d’autres personnes se trouvaient avec la victime au moment du meurtre. Un véhicule aurait également été aperçu en train de fuir les lieux. Selon nos sources, la victime, Chayanne O’Neil Peralta Garcia, est bien connue des policiers.

« Honnêtement, je pensais qu’il y avait une bombe, tellement il y avait de policiers et de camions de pompier [sur la scène] », a confié une voisine à La Presse. Elle a préféré taire son nom par peur des représailles. « Et après ça, j’ai vu qu’ils jetaient des couvertures par terre et j’ai pensé qu’il y avait peut-être quelqu’un de blessé. J’ai eu l’impression [que les policiers] faisaient des manœuvres de réanimation, mais je ne suis même pas sûre », ajoute celle qui a observé la scène de sa fenêtre.

La victime a finalement été transportée dans un état critique à l’hôpital avant de succomber à ses blessures un peu plus tard. Elle était inconsciente à bord de l’ambulance lors de son transfert vers le centre hospitalier. Il s’agit du 41homicide sur le territoire du SPVM en 2022.

De nombreuses accusations

La victime, Chayanne O’Neil Peralta Garcia, a été arrêtée à de nombreuses reprises dans les dernières années. En août 2016, le jeune homme a percuté une voiture en pleine nuit dans le quartier Ahuntsic. Le conducteur de l’autre voiture, Jean-Libord Jeanty, 76 ans, est mort de ses blessures. Peralta Garcia a été accusé de conduite dangereuse ayant causé la mort. Lors de son arrestation, les policiers avaient trouvé ce qui semblait être des trous de balle sur sa voiture.

Cinq mois plus tard, en janvier 2017, Chayanne O’Neil Peralta Garcia a plaidé coupable à des accusations de voies de fait pour avoir lancé un seau d’eau en métal sur la tête du boxeur ontarien Brandon Cook au Centre Bell. Il était alors furieux de la défaite du boxeur Steven Butler.

En décembre 2017, Peralta Garcia et quatre autres hommes ont été accusés de voies de fait graves contre un codétenu, Hank Robert, alors qu’il était lui-même détenu à l’Établissement de détention de Montréal (prison de Bordeaux).

En juillet 2021, Peralta Garcia a été arrêté pour tentative de meurtre en lien avec des coups de feu qui avaient fait deux blessés au resto-bar Aztec, dans le secteur Chomedey, à Laval. Les victimes, deux hommes dans la vingtaine, s’étaient présentées d’elles-mêmes dans des hôpitaux pour y faire soigner des blessures.

Tentative de meurtre à Laval

Quelques heures après le meurtre de Peralta Garcia, à une vingtaine de kilomètres, un jeune homme a aussi été atteint par balle, cette fois dans le secteur de Fabreville, à Laval.

La tentative de meurtre a eu lieu au milieu de la nuit de vendredi à samedi sur la 20Avenue, une petite rue résidentielle bordée de maisons de plain-pied.

Les policiers ont été dépêchés sur les lieux pour y retrouver un jeune homme majeur, âgé de moins de 20 ans, selon le lieutenant Goulet. Il était atteint par balle au haut et au bas du corps. Il a été transporté à l’hôpital, mais sa vie n’était pas en danger, a précisé le lieutenant Goulet.

Selon nos sources, la trame de fond de ces deux crimes – possiblement reliés – pourrait être un règlement de comptes relié aux gangs de rue.

Deux meurtres en six mois

Des résidants du secteur où a eu lieu le meurtre, à Montréal, ont indiqué à La Presse que l’évènement les inquiétait. « Ça fait peur, parce qu’on se dit que c’est possible d’avoir une balle perdue, explique l’un d’eux, qui a aussi demandé l’anonymat. Moi, quand je fais mes courses et que j’ai beaucoup de choses à monter, je prends l’ascenseur. [Le meurtre] s’est passé juste là ! »

« On a eu tellement peur, vraiment. Parce que c’est devant notre maison », témoigne une autre voisine de l’immeuble résidentiel devant lequel s’est produit le crime.

Surtout qu’en août dernier, à un jet de pierre sur le boulevard Jules-Poitras, un autre meurtre a eu lieu, soit celui d’André Fernand Lemieux, un homme de 64 ans, père du boxeur québécois David Lemieux.

Les circonstances de cet assassinat étaient toutefois différentes. M. Lemieux avait été visé au hasard par le présumé assassin, Abdulla Shaikh, qui a plus tard été abattu par les policiers, mais pas avant d’avoir fait deux autres victimes. Un triple homicide qui a choqué le Québec.

M. Shaikh avait notamment un diagnostic de schizophrénie et de traits de personnalité narcissiques et antisociaux. Son état demandait une révision annuelle de la Commission d’examen des troubles mentaux, dont la dernière avait été effectuée en mars 2022.

Ce drame fera l’objet d’une enquête publique qui sera présidée par la coroner Géhane Kamel.

Dans tous les cas, c’en est trop pour deux voisines qui ont affirmé à La Presse avoir décidé de déménager de ce secteur de Montréal. « Je me suis dit que c’est rendu pas mal dangereux dans le coin, donc je déménage. Oh oui, après 22 ans ici ! », a lancé l’une d’elles.

Avec Daniel Renaud et Louis-Samuel Perron, La Presse