Une hausse du nombre de meurtres, des enquêteurs submergés de travail et un changement de garde au sein du Service des crimes contre la personne ont marqué l’année 2022 à la Sûreté du Québec.

En date du 13 décembre, les enquêteurs de la Sûreté du Québec (SQ) s’étaient penchés sur 51 dossiers de meurtres commis depuis le début de l’année : des drames intrafamiliaux ou conjugaux et des assassinats de femmes pour nombre d’entre eux.

Ce sont 12 dossiers de plus que l’an dernier – et le nombre le plus élevé des dernières années. Le nombre de meurtres liés au crime organisé a doublé par rapport à l’an dernier, passant de 5 à 9.

Au Service des crimes contre la personne, on est particulièrement fier de la rapidité avec laquelle ont été appréhendés les suspects soupçonnés d’avoir tué Bernard Cherfan, en pleine salle à manger d’un restaurant de Laval, le 1er juin.

PHOTO PATRICK SANFAÇON, ARCHIVES LA PRESSE

La salle à manger du restaurant La Perle vietnamienne, à Laval, quelques heures après le meurtre de Bernard Cherfan, le 1er juin dernier

« L’échange d’informations sur le plan du renseignement policier et la communication entre les services de police sont très forts, à tous les niveaux », affirme le chef du Service des crimes majeurs de la SQ, le capitaine Marc Lépine.

Il y a toujours eu de bons enquêteurs dans les escouades spécialisées, mais au fil du temps, ils sont arrivés à un autre niveau, étant donné toutes les décisions de la Cour. Je pense aussi que nos enquêteurs sont de plus en plus professionnels parce qu’il y a de plus en plus de formation et d’encadrement.

Le capitaine Marc Lépine, chef du Service des crimes majeurs de la SQ

« Le commandant du SPVM et moi, on se parle toutes les semaines et on est impliqués dans les enquêtes », assure M. Lépine. « Il y a aussi tous les services de soutien auxquels on peut penser : la surveillance physique, l’écoute électronique, etc. On n’est rien sans eux. Il y a la biologie [ADN], mais la technologie également : être en mesure d’aller chercher des données dans les téléphones nous permet d’avancer dans nos enquêtes, car on découvre des choses qu’on n’était pas capables de trouver auparavant. »

« Avec les caméras de surveillance, il y a des images partout, illustre-t-il. Un suspect se déplace, on est capables de le suivre et de remonter jusqu’à un endroit où l’on fait d’autres démarches. »

Résolution des crimes en 2022

  • Résolus : 41
  • Non résolus : 10
  • Taux de résolution : 80 %

« Je pense que le crime parfait existe encore, mais de moins en moins, estime le capitaine Lépine. Le crime parfait devient un mythe, mais il faut que l’on fasse bien les choses. »

Quatre infanticides en début d’année

L’année 2022 a débuté de façon brutale pour les enquêteurs avec les meurtres de quatre enfants, dont deux par une explosion causée intentionnellement par leur père à Saguenay.

Victimes d’homicides en 2022 (53)*

  • Hommes : 34
  • Femmes : 14
  • Enfants : 5
  • Autochtones : 8

* La SQ a traité 51 dossiers d’homicide en 2022. Or, dans certains dossiers, il y a eu plus d’une victime.

Outre 51 dossiers d’homicides, les enquêteurs ont enquêté sur 13 autres évènements qui ne sont pas des meurtres, survenus sur leur territoire ou ailleurs, notamment un accident de travail mortel dans une ferme, une affaire de rage au volant au cours de laquelle un motocycliste a péri à Sorel, un jeune qui en a tué un autre durant une partie de chasse dans le Grand Nord et une femme qui a accouché dans une voiture et qui n’aurait pas donné les soins requis au nouveau-né, mort peu après.

Avec la hausse du nombre de meurtres et ces dossiers venus du champ gauche, ce sont 760 heures supplémentaires en moyenne que les enquêteurs ont effectuées en 2022.

« Ce qui est différent chez nous, c’est la grandeur de notre territoire, alors que les autres corps de police sont locaux. Ça demande une grande disponibilité. C’est une vocation et ça demande une résilience de la famille, parce que le conjoint qui est à la maison, il s’occupe des enfants, des repas, etc. », indique M. Lépine.

Armes utilisées dans les homicides en 2022

  • Arme à feu : 17
  • Arme blanche : 14
  • Force physique : 10
  • Feu : 5
  • Objet contondant : 4
  • Autre : 1

Ce dernier emploie bien le mot conjoint, et non conjointe. Depuis 2020, 14 des 59 enquêteurs (25 %) des Crimes contre la personne de la SQ sont des femmes, du jamais vu.

« Ça apporte une valeur ajoutée sur le terrain et en interrogatoire. Même dans des rencontres avec les membres des familles et les enfants, c’est un outil de plus dans le coffre », décrit le sergent Mathieu Boulianne, adjoint du capitaine Lépine.

Le Service des crimes contre la personne de la SQ est divisé en trois bureaux. Depuis 2020, on compte 12 nouveaux enquêteurs sur 27 à Mascouche, 14 sur 24 à Boucherville et 4 sur 9 à Québec.

Les enquêteurs des Crimes contre la personne s’occupent également des veilles Filet et des opérations Filet, visant à raisonner des individus désespérés qui se barricadent et constituent une menace pour eux-mêmes et autrui.

Les veilles et opérations Filet sont passées de 122 en 2021 à 82 en 2022, une baisse de 30 % que la SQ attribue directement à la fin des mesures sanitaires entourant la pandémie de COVID-19.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.