Sobhi Akra visait des femmes au hasard dans la rue

Un Montréalais qui ciblait des femmes « accessibles et vulnérables » au hasard pour les agresser risque maintenant deux ans de prison. Sobhi Akra a plaidé coupable en janvier dernier à des accusations de nature sexuelle concernant huit victimes, dont deux mineures. La défense demande six mois d’incarcération pour ne pas nuire à ses démarches d’immigration et tenter de lui éviter l’expulsion du pays.

« Les femmes ne sont pas des objets passifs. On ne peut s’attendre qu’elles se fassent agresser pour le plaisir d’autres personnes trop malades pour assumer leurs propres pensées », peut-on lire dans la déclaration écrite d’une des victimes de l’homme de 39 ans.

Certaines femmes visées par l’agresseur ont déclaré avoir peur de prendre les transports en commun depuis l’évènement. « C’était un choc pour moi et j’aurai toujours cette peur-là », a expliqué l’une d’elles dans une lettre adressée au tribunal.

Coupable de cinq agressions sexuelles et de trois tentatives d’agression sexuelle commises entre octobre 2017 et novembre 2018, Sobhi Akra surprenait ses victimes par-derrière. Il leur agrippait les seins ou les parties génitales. Certaines agressions ont eu lieu en plein jour, d’autres le soir.

Une victime mineure

En novembre 2018, il s’en est même pris à une adolescente de 17 ans en route vers l’école. Il a glissé sa main sous la jupe de son uniforme scolaire, puis est parti en courant.

Sobhi Akra a touché les fesses, puis les parties génitales d’une autre victime en lui disant : « Tu es tellement sexy, je veux te donner du plaisir. »

Il s’est ensuite excusé avant de s’enfuir.

Une autre agression s’est produite sur le quai de la gare d’un train de banlieue, alors qu’une autre victime rentrait du gym.

Gestes prémédités

Les huit victimes dans ce dossier ont toutes été prises par surprise, de dos, parfois avec leurs écouteurs aux oreilles. Ces femmes « étaient dans une position vulnérable et vaquaient à leurs occupations », a rapporté la procureure de la Couronne MCarolyne Paquin, qui demande deux ans de prison.

L’agresseur agissait de façon préméditée, selon MPaquin. « Monsieur nomme avoir choisi ses victimes pour leur vulnérabilité et leur accessibilité. »

Les avocats de Sobhi Akra proposent six mois moins un jour d’incarcération. Cette peine clémente lui permettrait, selon la défense, d’éviter d’être expulsé du Canada.

Les avocats de l’agresseur estiment par ailleurs qu’il s’agit de gestes impulsifs. Cet argument a fait réagir le juge Alexandre St-Onge. « Est-ce que ce n’est pas pire que ce soit impulsif ? Je vous pose la question », a-t-il lancé.

« Dans une mauvaise passe »

L’homme originaire du Liban était « dans une mauvaise passe » au moment des faits, car il était frustré et insatisfait de sa vie au Québec, ont réitéré ses avocats Me Réginal Victorin et MAndrée-Anne Blais.

Il travaillait alors dans une fruiterie, n’aimait pas son emploi et ne s’était pas bien adapté à son immigration, selon leurs plaidoiries.

L’agresseur serait désormais un homme nouveau. Il est l’unique pourvoyeur de sa famille et a des enfants en bas âge. « Il n’avait pas les outils à l’époque pour cheminer », a indiqué MVictorin.

Présent en salle d’audience, Sobhi Akra tapait nerveusement du pied en écoutant attentivement l’interprète judiciaire lui rapporter les plaidoiries. Il a versé quelques larmes une fois la séance levée. Sa femme demeurait silencieuse, les yeux au sol.

Le juge St-Onge rendra sa décision sur la peine le 14 février prochain.