Un Montréalais qui se prétendait « grand chef » d’une milice visant à renverser le gouvernement a été condamné à neuf mois de prison pour possession d’armes à feu. Considéré comme trop dangereux pour être libéré l’été dernier, Alex Louis Fallara présente en fait des problèmes de santé mentale et un risque « particulièrement minime » de dangerosité, selon la juge Geneviève Graton.

En juin dernier, la juge Mélanie Hébert avait usé de prudence en ordonnant la détention de l’homme de 27 ans, arrêté avec des armes à feu dans son appartement insalubre du quartier Notre-Dame-de-Grâce. Cinq ans plus tôt, Alex Louis Fallara avait tenté d’acheter un lance-roquettes à un agent double de la police fédérale.

« Devant moi, il dit que ce n’est pas violent, mais quand on l’écoute, il parle de la possibilité d’occuper un immeuble gouvernemental et de maintenir l’occupation. On parle de rapport de force avec le gouvernement qui passe par les armes », avait conclu la juge Hébert. La défense n’était pas parvenue à démontrer les problèmes de santé mentale de l’accusé.

Or, l’article publié par La Presse en juillet dernier a permis à l’équipe traitante d’Alex Louis Fallara — qui avait perdu sa trace — de reprendre contact avec lui. Dans une lettre résumée en cour le 1er novembre dernier, on apprend que le jeune Montréalais a reçu un diagnostic de trouble de l’autisme et de choc post-traumatique. « Son agir violent serait minime », conclut même son équipe traitante.

Lisez l’article « Pas de mise en liberté pour un “grand chef” qui voulait “renverser le gouvernement” »

Il s’agit d’un contraste majeur avec les inquiétudes exprimées par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en 2017. Dans un rapport, la GRC avait conclu que Fallara représentait un risque pour le public en raison de sa milice prétendument constituée d’une centaine de personnes.

Soumis à de sévères conditions en 2017

Actif au sein d’un groupe prorusse d’extrême gauche, le Montréalais appelait en ligne ses comparses à prendre en otages des fonctionnaires, voire à attaquer la prison, si jamais il était emprisonné. Il avait même fourni à un agent double de la GRC une liste d’armes bien spécifiques qu’il voulait obtenir pour sa milice, dont un lance-roquettes de type RPG et des fusils d’assaut AK-74. Il n’avait toutefois pas les ressources pour le faire.

Il avait ainsi été soumis à de très sévères conditions en 2017. Pendant un an, il lui a été interdit de posséder des explosifs ou du « matériel terroriste », de porter un sac dans un rassemblement public et de se trouver près de la Chambre des communes ou de l’Assemblée nationale.

Au début du mois, Alex Louis Fallara a plaidé coupable à deux chefs d’accusation de possession d’armes à feu. Un chef d’entreposage négligent d’une carabine a été abandonné par la poursuite, lorsque l’accusé a exprimé une possible défense. « La seule raison pour laquelle les armes étaient à l’extérieur, c’est que j’étais censé les réparer », a déclaré l’accusé.

La juge Graton a entériné la suggestion commune des parties en imposant neuf mois de détention à l’accusé, dont il lui reste en fait un mois à purger. Il sera soumis à une probation de deux ans et à une interdiction de possession d’arme à feu. Il sera aussi suivi par son équipe traitante.