Depuis qu’il a commencé à collaborer avec la police et que ses anciennes avocates ont rompu avec lui, Frédérick Silva a communiqué avec près de 200 avocats pour être représenté durant ses procédures toujours en cours, mais ils ont tous refusé.

C’est ce que l’ancien tueur à gages du crime organisé a annoncé au juge Marc David de la Cour supérieure, qui attend que Silva se trouve un avocat avant de lui imposer sa dernière peine.

« Je ne peux pas ajourner la peine à l’infini. Il devra y avoir une date butoir un moment donné », a déclaré le juge David vendredi matin au palais de justice de Montréal.

Silva, 42 ans, est déjà condamné à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans pour les meurtres de trois hommes survenus à l’automne 2018, et pour une tentative de meurtre commise contre le défunt chef de clan de la mafia Salvatore Scoppa à l’hiver 2017.

Il a aussi été déclaré coupable du meurtre au second degré d’un client d’un bar du centre-ville de Montréal en mai 2017 mais la peine a été reportée.

Entre-temps, à la fin du mois de juin, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et la Sûreté du Québec (SQ) ont fait une annonce qui a eu l’effet d’une bombe dans les milieux criminels et policiers : Silva s’était mis à collaborer avec eux.

À la suite de l’annonce de cette collaboration, les avocates de Silva, MDanièle Roy et MLida Sara Nouraie, ont annoncé au juge David qu’elles se retiraient de la cause.

Mais Frédérick Silva a besoin d’un avocat pour la suite des choses. En effet, si le jugement a été rendu pour le meurtre du client d’un bar du centre-ville et que la peine à vie est automatique, il reste encore à établir la durée de la période d’inadmissibilité à une libération conditionnelle, même s’il existe une suggestion commune de 10 ans.

Au moment où Silva a perdu ses avocates, une requête en divulgation de preuve était active et la réouverture d’une requête pour abus de procédures toujours possible.

Simultanément, Silva a également amorcé des démarches auprès de la Cour d’appel relativement aux verdicts rendus contre lui pour ses trois assassinats commis en 2018 et la tentative de meurtre contre Scoppa.

Même les avocats ontariens

Avec pédagogie, le juge David, a expliqué à Silva les tenants et aboutissants des étapes récentes et celles à venir.

Même si l’ancien tueur à gages a répondu qu’il comprenait bien la situation, il a expliqué avoir besoin d’un avocat.

« C’est difficile pour moi. Devant cette situation, je n’ai pas d’autre choix que de m’adresser au Tribunal pour me sortir de cette impasse », a dit Frédérick Silva, qui comparaissait en visioconférence depuis un endroit sécurisé et tenu secret.

« Vous avez le droit d’être représenté par un avocat. Je vois mal comment vous pourriez vous représenter de façon optimale, particulièrement devant la Cour d’appel », a réagi le juge David.

Frédérick Silva a même communiqué avec le Barreau pour obtenir des noms d’avocats de l’Ontario. Des noms lui ont été proposés, mais les avocats sollicités ont tous refusé.

« Le nombre de personnes que vous avez approchées… Vos démarches sont difficiles. Vous rencontrez des embûches, l’exercice est fastidieux et pas évident, je comprends », a ajouté le juge David.

Silva a aussi consulté l’aide juridique ; il est admissible, mais ne pourra être représenté par l’un des avocats de celle-ci.

Même si le juge David a décrit le mandat de Silva comme étant « important et d’envergure », le magistrat et MAntoine Piché, de la poursuite, ont jonglé avec l’idée que les dossiers de Silva soient scindés et que deux avocats pourraient lui prêter secours ; un qui s’occuperait de terminer son dernier dossier de meurtre en Cour supérieure et un autre qui le représenterait en appel.

Le juge David a même demandé à MPiché s’il pouvait aider Silva à se trouver un avocat. « Pour le moment, je n’ai pas de solution miracle », a répondu le procureur, qui s’est lui aussi montré pédagogue envers l’inculpé.

« J’ai compris tout ce que vous m’avez dit et je vais poursuivre mes recherches », a conclu Silva, en s’adressant au juge David.

Depuis qu’il a commencé à collaborer avec la police, Frédérick Silva est au cœur d’une importante enquête du SPVM et de la SQ qui pourrait permettre d’élucider plusieurs assassinats et autres complots commis et fomentés au sein du crime organisé montréalais ces dernières années.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.