« Un scénario digne d’un film d’horreur. » C’est ainsi que le juge Salvatore Mascia a décrit le calvaire vécu par une adolescente de 16 ans aux mains d’un fanatique du couteau. Justice Marshall avait gravé à la lame ses initiales sur la poitrine de sa victime. Il a été condamné lundi à trois ans et sept mois de détention.

« Je n’exagère pas en décrivant les faits comme étant terrifiants. C’est une histoire d’horreur », a insisté le juge lundi au palais de justice de Montréal. Le magistrat a souligné à grands traits l’importance de dénoncer la violence à l’égard des femmes. « Une peine doit refléter les valeurs de la société », a-t-il dit.

La victime de 16 ans était sous le contrôle « absolu » de Justice Marshall pendant des mois en 2020 et 2021. Son bourreau l’a frappée au moins une fois au visage, en plus de menacer de la tuer à d’innombrables reprises en personne et par messages textes. « Je vais t’écraser le visage avec mes pieds sur l’asphalte », a-t-il notamment écrit.

« Il avait une indifférente absolue de la peur de la victime », a dénoncé le juge Mascia.

L’adolescente était d’abord consentante à ce que Justice Marshall grave ses initiales au couteau sur sa poitrine, mais elle lui a vite demandé d’arrêter en raison de la douleur. Or, Justice Marshall a fait fi des supplications et a continué de graver les lettres.

« Pourquoi un homme de 18 ans voudrait-il graver ses initiales sur une élève du secondaire ? Pourquoi devait-il la marquer [tag] comme on marque un animal ? », a lâché le juge.

L’amateur de couteaux était excité sexuellement par les « jeux de couteau [knife play] » érotiques. Il a ainsi fait longuement glisser la lame de son couteau sur le corps de l’adolescente. Celle-ci avait d’abord accepté d’essayer le jeu, avant de réclamer en vain que tout arrête.

Justice Marshall avait finalement débarqué chez l’adolescente, alors qu’elle se trouvait avec un garçon de 17 ans. L’assaillant a alors poussé le garçon contre le mur et lui a mis un couteau sur la gorge. Il l’a ensuite frappé au visage. Le père de l’adolescente est alors intervenu, mais Justice Marshall a brandi un couteau et a pris la fuite avec la victime.

« Pouvez-vous imaginer ce que les parents ont dû vivre ? Un homme armé d’un couteau vient dans votre maison et prend votre fille ? Je ne peux pas imaginer », a pesté le juge.

La procureure de la Couronne MGeneviève Rondeau-Marchand demandait quatre ans d’emprisonnement pour les nombreux chefs d’accusation, alors que l’avocate de la défense, MStéphanie Gariépy, réclamait moins de deux ans de prison. La défense insistait sur le « parcours difficile » de l’accusé et sur ses « profonds remords ».

Le juge Mascia s’est plutôt rangé à la suggestion de la poursuite, accordant toutefois une « réduction » de six mois en raison de l’âge de l’accusé. Le magistrat a ainsi rejeté les arguments de la défense. Le jeune homme n’avait en effet aucun remords et aucun regret un mois plus tôt.

Justice Marshall sera soumis à une probation de trois ans. Il lui sera interdit de détenir un couteau, sauf pour la « consommation d’un repas ».