Il la prenait en photo à son insu, lui a envoyé des milliers de textos « agressifs » et menaçait de se suicider si elle le dénonçait : un entraîneur de soccer d’une école secondaire de Boucherville « obsédé » par une adolescente de 16 ans a été condamné lundi à plus de deux ans de prison.

Mortheza Javad avait plaidé coupable en août dernier à des chefs d’accusation de harcèlement, de non-respect de condition et d’entrave à la justice. Il était entraîneur de soccer à l’école secondaire De Mortagne, à Boucherville, au moment des faits.

Les faits relatés par la juge Julie-Maude Greffe lundi après-midi sont troublants : l’homme de 26 ans nourrissait une obsession malsaine envers la jeune fille, avec qui il souhaitait entreprendre une relation amoureuse. Même après son arrestation et sa détention en 2021, il continuait de communiquer avec la jeune victime.

Celle-ci a d’ailleurs repoussé ses avances à de nombreuses reprises.

Pourtant, l’entraîneur a envoyé des milliers de textos « menaçants et agressifs » à l’adolescente pendant près d’un an.

Selon la juge, l’entraîneur était complètement obnubilé par l’idée d’être en couple avec la jeune victime. « Il se montre insistant. Il la suit et elle doit d’ailleurs se cacher », a poursuivi la juge en soulignant les comportements « obsessionnels et démesurés » de l’accusé.

Quand l’adolescente a porté plainte, il a tenté de la contraindre au silence. L’entraîneur a menacé de dévoiler des choses intimes sur elle et de s’en prendre à des gens qu’elle connaît. Il lui a même envoyé une photo de couteau et a menacé de se suicider si elle racontait quoi que ce soit à quiconque.

Il a été détenu à la suite de cette plainte, puis libéré en février 2022.

En dépit des interventions policières et judiciaires et du refus clair de la part de la victime d’établir tout contact, il a continué à la pourchasser.

Dès sa sortie, M. Javad a repris contact avec la jeune fille. En un mois, il lui a écrit plus de 175 messages. Il est arrêté une seconde fois. Lors d’une rencontre avec un enquêteur, il a avoué ne pas être en mesure de respecter ses conditions, car il ne pouvait « concevoir la vie sans sa victime », rapporte la juge.

Détresse chez la victime

Anxiété, stress, palpitations cardiaques : la victime – âgée de 16 ans au moment des faits – était prise dans un véritable cercle vicieux.

Une ordonnance de non-publication nous empêche de révéler des détails permettant de l’identifier.

Pendant près de deux ans, celle-ci a souffert d’isolement, a dû mentir à son entourage et a passé une partie de son adolescence dans la détresse. « Elle se savait épiée constamment », précise la juge.

Le coach suivait ses allées et venues pour la prendre en photo. Elle a dû fuir en courant à une occasion. « Je croyais qu’il jouait à un jeu, mais que j’avais perdu. J’ai eu tellement peur », a-t-elle expliqué à la cour dans un témoignage.

Dans une lettre d’excuses à la victime, M. Javad reconnaît sa responsabilité et justifie ses passages à l’acte par le fait « qu’il n’allait pas bien. » Il explique avoir honte de ses actes et ne comprend pas pourquoi ses réactions sont démesurées, indique-t-on dans le rapport présentenciel remis à la juge, dont des passages ont été cités en cour lundi après-midi.

Il lui reste 14 mois à purger, puisqu’il était détenu depuis un an. Il sera soumis à une probation de trois ans.