Un fanatique du couteau qui avait la mainmise sur une adolescente de 16 ans est allé jusqu’à graver à la lame ses initiales sur la poitrine de sa victime. Même s’il menaçait régulièrement de tuer l’adolescente, Justice Marshall assure aujourd’hui ne pas être un homme violent.

« Je vais te tuer », « je vais te buter », « je vais t’écraser le visage avec mes pieds sur l’asphalte », « je vais te trouver et je vais te battre », « je vais te tuer d’une façon ou d’une autre. […] Tu seras sept pieds sous terre. »

Ces exemples illustrent l’extrême violence des menaces lancées par Justice Marshall à sa victime. Pendant des mois en 2020 et 2021, l’homme alors âgé de 18 ans a fait vivre l’enfer à Vicky*, 16 ans, dont l’identité est protégée par la cour. La Couronne demande ainsi quatre ans d’emprisonnement, alors que la défense réclame moins de deux ans de prison.

Justice Marshall a été reconnu coupable en juin dernier d’agression armée en utilisant un couteau. Un an plus tôt, il avait plaidé coupable à de nombreux chefs d’accusation : agression armée, menaces de mort, communications harcelantes, séquestration et publication non consensuelle d’une image intime.

Au départ, Vicky était consentante à ce que Justice Marshall grave ses initiales au couteau sur sa poitrine. Elle lui a toutefois très vite demandé d’arrêter en raison de la douleur. Or, Justice Marshall a fait fi des supplications et a continué de graver les lettres.

Au procès, il a prétendu que l’adolescente riait pendant l’opération. Mais une photo du résultat « vaut mille mots », estime la juge Marie-Josée Di Lallo, qui l’a reconnu coupable.

Grand amateur de couteaux, Justice Marshall était excité sexuellement par les « jeux de couteau [knife play] » érotiques. Comme dans l’autre cas, Vicky a d’abord accepté d’essayer le jeu, avant de réclamer en vain que tout arrête. L’accusé glissait la lame du couteau sur la peau de l’adolescente, du cou à ses côtes, en mettant de la pression, mais sans la couper. La victime portait un bandana sur la bouche.

Après avoir terrorisé la victime pendant des mois en menaçant de la tuer, Justice Marshall est débarqué chez elle alors qu’elle se trouvait avec un garçon de 17 ans. L’accusé a alors poussé l’adolescent contre le mur et lui a mis un couteau sur la gorge en criant : « Ne pense pas que je ne vais pas le faire ». Il l’a ensuite frappé au visage.

Le père de la victime est alors intervenu, armé d’un bâton de baseball.

Ça n’a pas empêché Justice Marshall de brandir son couteau et de partir avec la victime. Caché chez une proche, il a retiré la carte SIM du téléphone de la victime pour éviter qu’elle soit retracée, puis l’a physiquement empêchée de quitter l’appartement.

C’est finalement le Groupe tactique d’intervention de la police de Montréal qui a délivré la victime de son bourreau dans un motel quelques jours plus tard. Justice Marshall voulait alors se donner la mort et souhaitait que la victime l’imite.

« Prêt à tout faire pour sortir »

Un tatouage de baiser aux lèvres rouges trône sur le cou de Justice Marshall. Dans le box, il raconte son enfance de misère au juge Salvatore Mascia, expliquant de quelle façon il se faisait battre par sa mère et ses beaux-pères. Détenu depuis un an et demi, il se plaint ensuite de la vie difficile derrière les barreaux.

« Bordeaux est la pire des prisons. Je suis prêt à tout faire pour sortir. Prêt à travailler sur moi-même, sur ma colère, mes aptitudes sociales. J’ai réalisé beaucoup de choses en prison », affirme-t-il en anglais.

« En prison, on est forcé d’être violent. Tu dois poser des gestes violents pour te protéger », explique-t-il, comme une évidence.

Néanmoins, il n’est pas une « personne violente », insiste-t-il. « Ce n’est pas moi », tranche-t-il. S’il regrette d’avoir fait du mal à la victime, il continue de minimiser ses crimes. « J’ai seulement frappé [la victime] une fois. Elle me frappait sans cesse », se défend-il.

Selon la défense, la peine de quatre ans de détention réclamée par la poursuite « annihilerait » les chances de réhabilitation de Justice Marshall. Son avocate, MStéphanie Gariépy, a mis l’accent sur le « parcours difficile » de l’accusé et sur ses « profonds remords » pour demander une peine de moins de deux ans, qui serait essentiellement déjà purgée.

« Il n’est pas un monstre, c’est un enfant qui a souffert », a insisté MGariépy lors de l’audience du 30 septembre dernier.

« Ça semble être une conversion de dernière minute », a cependant conclu le juge Mascia, qui rendra sa décision à la fin du mois.

MGeneviève Rondeau-Marchand représente le ministère public.

*Prénom fictif