Giovanni Presta, accusé du meurtre prémédité du motard Sébastien Beauchamp commis il y a quatre ans, a acheté 44 balises GPS entre le 3 janvier 2016 et le 11 octobre 2018.

C’est la révélation étonnante qu’un enquêteur du SPVM a faite mercredi, au procès de Presta qui a débuté la semaine dernière, au palais de justice de Montréal.

Après le meurtre de Beauchamp, les policiers ont retrouvé une balise GPS sous son VUS. Selon la prétention de la police, les tueurs à gages fixent de telles balises sous les véhicules de leurs victimes, pour les suivre à la trace.

Sébastien Beauchamp a été tué le 20 décembre 2018 par l’ancien tueur à gages du crime organisé Frédérick Silva, déjà condamné à la prison à perpétuité pour ce meurtre.

Mais la Poursuite croit que Presta a été son chauffeur ce jour-là.

Lorsque les policiers ont arrêté Silva en février 2019, ils ont aussi appréhendé Presta, et découvert, entre autres, plusieurs téléphones cellulaires, cartes SIM, balises GPS, ordinateurs et masques de visages d’hommes en silicone dans les résidences des deux présumés complices.

Un travail de moine

Les enquêteurs des crimes technologiques du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont effectué un travail de longue haleine pour extraire les centaines de données que contenaient tous les appareils électroniques saisis.

Les enquêteurs des Crimes majeurs, dont Robert Hargassner, ont ensuite méticuleusement analysé ces données, obtenu des ordonnances de communications auprès de compagnies de téléphone et recoupé les informations reçues.

« On avait tout un défi. Il y avait tellement d’informations générées par notre unité des crimes technologiques. Des numéros de cartes SIM, des numéros de cellulaires, et dans les appareils, on mettait plusieurs cartes SIM », a décrit le sergent détective Hargassner.

C’est en commençant à analyser ces données que les enquêteurs ont réalisé qu’il pouvait y avoir une balise GPS sous le véhicule loué par Beauchamp, qu’ils ont ensuite retrouvé le VUS au commerce de location et trouvé la balise sous le parechoc arrière en juin 2019, six mois après le meurtre du motard.

L’enquêteur Hargassner a notamment expliqué, en gros, que chaque balise GPS, qui comporte une carte SIM, est contrôlée par un téléphone administrateur muni également d’une carte SIM.

En composant un numéro, le téléphone administrateur interroge la balise GPS qui envoie des informations à l’appareil par messages texte.

On comprend de son témoignage que les mêmes cartes SIM ont transité dans plusieurs téléphones et balises trouvés chez Presta et Silva, ou que différentes cartes SIM se sont succédées dans un même appareil à un moment ou un autre.

Deux balises plutôt qu’une

La police dit pouvoir faire la démonstration qu’il n’y a pas eu une, mais deux balises sous le véhicule de Beauchamp ; une première, qui aurait été présente du 19 octobre au 23 décembre 2018, et qui n’a jamais été retrouvée, et la seconde – celle qui a été saisie – qui aurait été activée le 31 octobre 2018 et qui serait demeurée active jusqu’au quatre janvier 2019.

Selon l’enquêteur Hargassner, une carte SIM utilisée dans la première balise, aurait aussi servi dans une autre balise et deux téléphones trouvés chez Presta.

Les policiers ont aussi saisi chez l’accusé un reçu qui aurait un lien avec la seconde balise découverte sous le VUS loué par Beauchamp six mois après son assassinat.

Chez Presta, les enquêteurs ont découvert sept balises GPS dans une cache, aménagée dans un trou percé dans un mur et dissimulée par une armoire.

Ils ont aussi remarqué qu’il y avait dans la résidence plusieurs emballages de la compagnie Amazon et réalisé que celle-ci vendait des balises. Ils ont obtenu une ordonnance de communication auprès d’un juge et c’est ainsi qu’ils ont su de la compagnie Amazon qu’elle avait vendu 44 balises GPS à Giovanni Presta entre janvier 2016 et octobre 2018.

Un enquêteur des crimes technologiques du SPVM, Silvio Foglietta, a raconté que dans des ordinateurs saisis chez Presta, les policiers ont découvert que l’accusé avait consulté des documents d’imprimante 3D et des photos d’armes à feu.

Ils ont aussi trouvé des courriels des sociétés Ebay et Amazon démontrant qu’il avait acheté des masques de silicone et des gants de latex.

Presta a notamment acheté dans une même commande six masques dont trois ont été retrouvés chez Frédérick Silva.

L’analyse d’un téléphone saisi chez Presta a permis de démontrer qu’une recherche a été faite le soir du 20 décembre 2018 sur un site de média d’information rapportant la nouvelle qu’un homme avait été atteint par balles à Montréal.

Le procès, qui est présidé par le juge Marc-André Blanchard de la Cour supérieure, se poursuit jeudi.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse courriel de La Presse.