Le procès d’un homme accusé d’avoir assassiné quatre personnes à la demande d’un clan de la mafia montréalaise s’est ouvert à Montréal mardi, devant un jury de 12 citoyens. La Couronne a déclaré d’emblée qu’elle fera témoigner un tueur à gages devenu délateur, qui viendra incriminer son ancien collaborateur.

Jonathan Massari, 41 ans, est accusé de quatre meurtres et trois complots pour meurtre remontant à 2016. Son procès a lieu au Centre judiciaire Gouin, dans le nord de la ville.

En 2016, selon la théorie de la poursuite, Massari était le bras droit de Salvatore Scoppa, un chef de clan calabrais de la mafia italienne de Montréal. « Pour démontrer sa loyauté, certaines personnes devaient être tuées », a expliqué MKarine Cordeau, l’une des procureures de la Couronne chargéee du dossier.

« Les cibles visées se trouvaient sur une liste établie entre autres par Salvatore Scoppa », a-t-elle poursuivi dans son exposé d’introduction aux jurés.

« La preuve vous plongera dans une guerre de clans qui avait lieu en 2016 au sein de la mafia italienne », a annoncé MCordeau.

Série d’assassinats

MCordeau a expliqué que la preuve qui sera présentée concernera notamment le meurtre de Lorenzo Giordano, atteint de cinq balles « par un froid matin d’hiver », le 1er mars 2016, alors qu’il était assis dans le siège passager d’une Kia Sportage, avec sa conjointe, devant un gym de Laval.

Un autre meurtre qui sera exposé aux jurés est celui de Rocco Sollecito, atteint de projectiles au bras, au cou et au torse « dans une suite d’évènements soigneusement chorégraphiés », alors qu’il effectuait un arrêt obligatoire au volant de sa BMW sur le boulevard Saint-Elzéar, à Laval, le 27 mai 2016.

Les troisième et quatrième meurtres dont doit répondre Massari sont ceux des frères Giuseppe et Vincenzo Falduto, tués le 30 juin 2016 dans un garage de Saint-Jude, en Montérégie, a poursuivi la procureure. « Les corps laissés sur le lieu du crime n’ont jamais été retrouvés », a-t-elle précisé.

Témoin important

La Couronne a expliqué aux jurés mardi qu’un témoin clé de l’affaire serait un « tueur à gages » qui avait été embauché par la mafia pour aider l’accusé à tuer Rocco Sollecito et les frères Falduto. L’identité de ce tueur à gages est protégée par une ordonnance de non-publication. « Pour ces trois meurtres, [il] a appuyé sur la détente », a expliqué MCordeau.

Pour le meurtre de Lorenzo Giordano, le tueur à gages n’était pas présent, mais il a reçu des confidences de l’accusé, selon la Couronne.

Car après quelques années, ce témoin « avec un lourd passé et une fiche criminelle bien garnie » a décidé de travailler pour la police et a même accepté de porter un micro caché afin d’enregistrer ses anciens acolytes, a expliqué la procureure.

« Ce procès aura un peu l’allure d’un puzzle auquel on ajoute des pièces chaque jour, pour qu’à la fin vous puissiez voir une image plus précise de ce qui s’est passé », a-t-elle conclu.

MCordeau représente la poursuite avec MIsabelle Poulin, MMarie-Christine Godbout et MCatherine Sheitoyan. Jonathan Massari est représenté par MPhilippe Larochelle. Le procès est présidé par le juge Michel Pennou.