C’est avec émotion, tristesse, mais aussi colère que des proches de Daniel Armando Somoza-Gildea, tué par Frédérick Silva devant un bar du centre-ville de Montréal en mai 2017, ont témoigné vendredi, durant les observations sur la peine de l’ancien tueur à gages du crime organisé devenu témoin collaborateur pour la police.

Silva, 42 ans, a abattu Somoza-Gildea, un étudiant de 28 ans de l’Université Concordia, de quatre projectiles d’arme à feu à l’extérieur du bar après qu’une dispute eut éclaté entre le groupe d’amis de la victime et celui de l’ex-tueur à gages.

PHOTO COURTOISIE THE GAZETTE

La victime, Daniel Armando Somoza-Gildea

« Aucune explication logique ne peut être trouvée pour un acte aussi gratuit et lâche », a déclaré l’oncle de la victime, ajoutant que son neveu était un jeune homme « plein de projets qui resteront inachevés » et qu’il avait « toute la vie devant lui ».

À la fin de son intervention, le témoin a tenu des propos durs à l’endroit de Silva, des propos qu’a déplorés le procureur de la Poursuite, MAntoine Piché en disant toutefois comprendre les sentiments qui habitent les membres de la famille.

« Une grande partie de nous est partie et ne reviendra jamais », a renchéri la mère de Daniel Somoza-Gildea, dans une déclaration en visioconférence faite depuis les États-Unis et retransmise sur les écrans de la salle d’audience.

« Il est mort tout seul, je ne pouvais pas être près de lui. [Silva] a pris la vie de quelqu’un qui ne représentait rien pour lui, mais pour beaucoup d’autres, cette vie signifiait le monde », a poursuivi la mère de la victime, se demandant si elle pourrait un jour pardonner au tueur.

« Nous devrons tous répondre à Dieu un jour pour ce que nous avons fait dans nos vies. Et je ne déteste pas Frederick Silva. Je déteste qu’il ait pris la vie de Daniel. Je déteste ce qui a été fait à ma famille. Je déteste le fait que nous ressentirons toujours cette douleur et la perte de Daniel pour le reste de nos vies », a-t-elle dit.

Sur écran lui aussi, devant un mur blanc, depuis un endroit tenu secret, Frédérick Silva a écouté les témoignages avec attention.

Déjà condamné à la prison à vie

Silva purge déjà une peine à vie, sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans, pour les meurtres de trois hommes commis à l’automne 2018, et pour une tentative de meurtre contre le défunt mafieux Salvatore Scoppa en février 2017.

Silva devait subir un procès devant jury pour le meurtre de Somoza-Gildea au printemps dernier, mais comme il l’a fait dans ses dossiers précédents, il a reconnu que la preuve de la Poursuite était probante et a mis fin lui-même aux procédures.

Il n’a pas reconnu sa culpabilité, mais a été trouvé coupable vendredi matin par le juge Marc David de la Cour supérieure du meurtre au deuxième degré de Daniel Armando Somoza-Gildea.

La nuance est importante, car en ne plaidant pas coupable, Silva conserve ses droits d’appel. L’ancien tueur, qui a révoqué le mandat de ses anciennes avocates, s’est représenté seul vendredi matin. Il est activement à la recherche d’un avocat pour le représenter dans les procédures à venir.

« J’ai communiqué avec plusieurs avocats. Plusieurs ont refusé le mandat. J’attends des réponses pour d’autres », a indiqué Frédérick Silva au juge David.

Sa peine pour le meurtre de Somoza-Gildea pourrait être prononcée dans la semaine du 12 décembre, mais on sait que Silva, déjà condamné à la prison à vie, ne pourra bénéficier dans ce cas-ci d’une libération conditionnelle avant dix ans.

Après avoir expliqué les prochaines étapes aux membres de la famille de la victime, le juge David a déclaré que depuis qu’il siège, il y a 17 ans, il « n’a jamais été confronté à une telle situation dans lesquelles les choses sont compliquées et doivent être faites correctement ».

À la fin de juin, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) et la Sûreté du Québec (SQ) ont annoncé qu’un individu important du crime organisé avait entamé une collaboration avec la police. Des sources avaient alors indiqué à La Presse qu’il s’agissait de Frédérick Silva.

Ce dernier a retourné sa veste après que deux de ses proches eurent été tués le printemps dernier.

Les enquêteurs des crimes majeurs et de la division du crime organisé du SPVM, et leurs collègues des Crimes contre la personne de la SQ ont entamé une importante enquête qui durera plusieurs mois et qui pourrait permettre d’élucider plusieurs meurtres et autres crimes commis dans le milieu du crime organisé ces dernières années.

Par ailleurs, un présumé complice de Silva, Giovanni Presta fils, subit depuis jeudi son procès pour le meurtre au premier degré de l’ancien membre des Rockers Sébastien Beauchamp assassiné en décembre 2018.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drenaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.