Au lendemain de la série d’attaques au couteau en Saskatchewan, l’un des deux frères recherchés a été retrouvé mort. Le deuxième suspect de cette tuerie est toujours en fuite.

Damien Sanderson, 31 ans, a été retrouvé sans vie dans une zone herbeuse, dans la communauté autochtone où se sont déroulés les meurtres, à proximité d’une maison en cours d’inspection, a expliqué Rhonda Blackmore, commissaire adjointe de la Gendarmerie royale du Canada (GRC). Son corps comportait des « blessures visibles » qui n’étaient pas auto-infligées.

Nous ne pouvons pas dire avec certitude comment Damien est décédé, mais il pourrait avoir été tué par son frère.

Rhonda Blackmore, commissaire adjointe de la Gendarmerie royale du Canada

Son frère, Myles Sanderson, également suspect, est toujours en liberté. Il pourrait se trouver à Regina et pourrait être blessé. Il pourrait avoir « besoin de soins », a ajouté la commissaire adjointe.

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Agents de la Gendarmerie royale du Canada sur le territoire de la Nation crie James Smith, en Saskatchewan

Lundi, des dizaines de policiers traquaient toujours l’homme. « Nous recommandons toujours aux gens d’être vigilants, Myles Sanderson est considéré comme dangereux. Ses actions ont montré qu’il est violent », a-t-elle indiqué.

Myles Sanderson était déjà recherché depuis mai dernier pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire. Il avait été condamné à près de cinq ans d’emprisonnement notamment pour agression et vol.

« Je n’arrive pas à comprendre »

« Je suis dévastée, je suis en colère », a dit Melissa Harp, résidante de Weldon dont le beau-frère a été tué dimanche. Wes Petterson, 77 ans, fait partie des 10 victimes des attaques à l’arme blanche survenues sur le territoire de la Nation crie James Smith et du village de Weldon, en Saskatchewan.

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Ruby Works a apporté des fleurs au domicile d’une des victimes, Wes Petterson, à Weldon, en Saskatchewan.

Dix-huit personnes ont également été blessées dans l’attaque, dont 17 ont séjourné à l’hôpital. Lundi soir, 13 personnes étaient toujours hospitalisées. Quatre étaient dans un état critique, neuf dans un état stable et quatre ont été renvoyées à leur famille, ont déclaré les autorités de santé de la Saskatchewan.

Je n’arrive pas à comprendre pourquoi ces hommes feraient quelque chose comme ça. Toute la communauté est ébranlée […]. Vous pensez que votre communauté est sécuritaire, et ce n’est pas le cas, maintenant, vous ne vous sentez plus en sécurité.

Melissa Harp, résidante de Weldon dont le beau-frère a été tué

Mme Harp, qui a appris la nouvelle de sa fille, se souviendra de M. Petterson comme d’un homme au « bon cœur » et d’un « pilier de la communauté ».

Selon la police, certaines victimes ont été ciblées par les suspects et d’autres ont été attaquées au hasard. Aucun motif n’a été donné pour les attaques.

« C’est la destruction à laquelle nous sommes confrontés lorsque des drogues illégales nocives envahissent nos communautés », a pour sa part déclaré par communiqué dimanche soir Bobby Cameron, chef de la Fédération des nations autochtones souveraines (FSIN), qui représente 74 Premières Nations de la Saskatchewan, incluant celle de James Smith.

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Darryl Burns montre une photo de sa sœur Gloria Lydia Burns, 62 ans, l’une des victimes de la série de meurtres.

Lundi, les autorités n’avaient toujours pas confirmé le nom des victimes, mais plusieurs autres médias ont identifié M. Petterson. Selon CBC, APTN et The Globe and Mail, Lana Head, 49 ans, et Gloria Burns, une secouriste de 62 ans, figurent également parmi les victimes.

La chasse à l’homme se poursuit

Lundi matin, la GRC avait annoncé que les suspects, Damien Sanderson, 31 ans, et Myles Sanderson, 30 ans, faisaient dorénavant face à plusieurs chefs d’accusation de meurtre au premier degré et de tentative de meurtre, entre autres. « Des mandats d’arrêt ont été lancés contre eux », a indiqué la GRC par communiqué lundi. « D’autres accusations sont prévues au fur et à mesure de l’avancement de l’enquête. »

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Ivor Wayne Burns, membre de la Première Nation James Smith, a perdu sa sœur Gloria, qui figure parmi les victimes.

Myles est décrit comme un homme de 6 pi 1 po pesant 240 lb. Il a les cheveux et les yeux bruns. Dimanche, la GRC avait indiqué qu’il pourrait se déplacer dans un Nissan Rogue noir avec la plaque d’immatriculation SK 119 MPI. Une alerte de la GRC recommande de faire preuve de prudence dans la région, et de ne pas s’approcher du suspect, mais de signaler sa présence en composant le 911.

PHOTOS GENDARMERIE ROYALE DU CANADA, FOURNIES PAR L’ASSOCIATED PRESS

Les suspects Damien Sanderson et Myles Sanderson

Pierre-Yves Bourduas, ancien sous-commissaire de la GRC, soutient que ce type d’opération nécessite « la coopération du public » et « une communication de tous les instants avec les corps policiers municipaux », ajoutant que la GRC est sans doute « débordée ». Le corps policier fédéral enquêtait dimanche sur 13 scènes de crime.

Drapeaux en berne

En conférence de presse lundi, le premier ministre Justin Trudeau a dit s’être entretenu avec les dirigeants de la Nation crie James Smith et son homologue de la Saskatchewan, Scott Moe, « pour souligner que le gouvernement fédéral continuera d’être là avec les ressources nécessaires ».

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Justin Trudeau, premier ministre du Canada

M. Trudeau a également dit que « les drapeaux des édifices fédéraux en Saskatchewan ont été mis en berne, et que le drapeau de la tour de la Paix [à Ottawa] a aussi été mis en berne » en signe de solidarité.

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À Ottawa, le drapeau de la tour de la Paix (au loin) a été mis en berne.

Le premier ministre Trudeau a invité la population à suivre les directives des forces de l’ordre et à faire part des informations qui pourraient mener à l’arrestation de Damien. « Si vous avez besoin de parler à quelqu’un, vous pouvez vous rendre sur espoirpourlemieuxetre.ca pour en savoir plus sur comment obtenir du soutien », a-t-il ajouté.

Consultez le site de la Ligne d’écoute d’espoir pour le mieux-être

Plusieurs responsables internationaux ont exprimé leur soutien au Canada après ce drame. Le chancelier de l’Allemagne, Olaf Scholz, a évoqué des attaques « horribles et dévastatrices », et le premier ministre d’Israël, Yaïr Lapid, a tweeté que son pays se tenait « aux côtés des Canadiens face à une telle violence insensée ».

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui s’est dite « horrifiée », a promis de « rendre hommage aux victimes » lors de sa visite à Saskatoon dans deux semaines.

Avec Alice Girard-Bossé, La Presse, l’Agence France-Presse et La Presse Canadienne

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