Le journaliste sportif déchu Jonah Keri condamné à 21 mois de prison le printemps dernier pour avoir menacé, harcelé et battu sévèrement son ex-femme enceinte à de nombreuses reprises a échoué à obtenir sa libération anticipée au sixième de sa peine.

À peine quatre mois après son incarcération, Jonah Keri tentait d’obtenir une sortie préparatoire à la libération conditionnelle. Or, une telle libération est « prématurée », a déterminé la Commission des libérations conditionnelles du Québec, le 4 août dernier.

« La Commission retient que vous avez encore une forte tendance à justifier votre violence par une mauvaise gestion de vos émotions et une faible estime de soi. […] La Commission n’a pas perçu un niveau de remise en question significatif sur votre dynamique de violence conjugale », a conclu la Commission.

Les gestes violents commis par Jonah Keri à l’égard de son ex-femme en 2018 et 2019 sont à glacer le sang. « [M. Keri] a frappé sa victime sur les genoux, l’a frappée à la tête et sur les oreilles, l’a poussée, l’a traînée au sol, l’a giflée, l’a mordue, lui a craché au visage, lui a donnée un coup de tête, l’a secouée, lui a tiré les cheveux, l’a prise par les épaules en la menaçant de la lancer du balcon », avait énuméré le juge Alexandre Dalmau dans son jugement.

Alors qu’il faisait vivre un cauchemar à sa compagne, le Montréalais menait une « prolifique » carrière de journaliste sportif spécialisé dans le baseball. Connu aux États-Unis et dans le reste du Canada, Jonah Keri collaborait avec de grandes chaînes sportives américaines.

La victime, Amy Kaufman, confiait à La Presse en mai dernier qu’elle craignait être tuée par son bourreau si elle le quittait. « Ton état d’esprit devient celui d’une personne torturée. Tu acceptes ton sort. Et il y avait la peur, aussi, qu’il tue le bébé. Qu’il tue mon père, mon frère : il m’avait dit qu’il le ferait, si je partais… »

Quelques mois derrière les barreaux ne semblent pas avoir permis à Jonah Keri de mener une véritable introspection sur ses crimes. « Vous expliquez difficilement comment le contrôle s’est installé dans votre relation de couple et pourquoi vous utilisiez la violence et les menaces pour maintenir un climat de peur », souligne la Commission.

Les commissaires perçoivent également « négativement » la volonté de Jonah Keri d’être libéré sans être hébergé dans une ressource spécialisée. Ce n’est qu’après avoir été confronté par son agente que l’ex-journaliste a accepté de s’investir dans un projet d’hébergement avec un programme spécialisé en violence en conjugale, explique la Commission.

Lisez « La peur qu’il te tue, si tu pars »