Marie-Josée Viau, reconnue coupable de complot et des meurtres au deuxième degré des frères Giuseppe et Vincenzo Falduto, pourra retrouver sa liberté dans l’attente de la suite des procédures d’appel, a tranché mardi un juge de la Cour d’appel.

Le tribunal s’est en effet rendu à la conclusion que la principale intéressée « ne représente à la fois pas de risque de fuite ni de sécurité pour le public », et que celui-ci ne serait pas choqué par sa libération temporaire. Celle-ci est néanmoins accompagnée de plusieurs conditions, dont le fait de garder la paix, de résider à son domicile et de déposer une caution totalisant 100 000 $ avec son conjoint. Un proche devra également déposer une garantie additionnelle de 40 000 $.

Il sera aussi interdit à Marie-Josée Viau de quitter le Québec, de posséder un passeport, d’avoir des armes à feu et de communiquer avec toute personne impliquée dans cette affaire ou qui a des antécédents criminels. Elle n’aura par ailleurs accès qu’à un seul téléphone mobile, et devra transmettre le reçu de tous ses appels aux autorités.

En février, Mme Viau avait été condamnée à la prison à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle avant 12 ans, pour les meurtres des frères Vincenzo et Giuseppe Falduto, commis dans le garage de sa propriété de Saint-Jude, près de Saint-Hyacinthe, à l’été 2016. La décision avait toutefois été portée en appel par la défense, en demandant d’annuler le verdict de culpabilité et de prononcer un verdict d’acquittement ou l’arrêt des procédures, voire la tenue d’un nouveau débat sur cet arrêt de procédures. Mme Viau affirme que le meurtre était « impulsif et non prémédité », et qu’elle ne pouvait donc l’encourager.

Jeudi dernier, le clan Viau s’était adressé à la Cour d’appel pour demander que la femme de 47 ans retrouve sa liberté dans l’attente de la suite des procédures. Elle était détenue au pénitencier pour femmes de Joliette depuis le prononcé du verdict. Marie-Josée Viau a donc été libérée dans la journée de mardi. Son conjoint Guy Dion avait pour sa part été acquitté dans ce dossier, et est déjà en liberté. Selon nos sources, une audience sur le fond de l’appel devrait être tenue prochainement, mais pas avant 2023.

Dans sa décision, le juge Stephen W. Hamilton affirme que si l’appel de Mme Viau est rejeté, « la seule conséquence sera qu’elle commencera plus tard à purger sa sentence ». « Par contre, si je refuse la libération provisoire et si la requérante est ultimement acquittée, elle aura été emprisonnée pour une période de temps alors qu’elle n’aurait pas dû l’être. Je considère que les moyens d’appels sont suffisamment sérieux et que ce deuxième scénario est réaliste », écrit le magistrat.

La défense soulagée

« On accueille cette décision avec une grande satisfaction et un grand soulagement », a réagi mardi l’avocate de Marie-Josée Viau, MMylène Lareau, lorsque jointe au téléphone.

Au Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), la porte-parole MAudrey Roy-Cloutier a dit « prendre acte de la décision rendue ». « En raison des procédures judiciaires qui se poursuivent devant la Cour d’appel, nous ne pouvons commenter davantage cette cause pour le moment », a-t-elle toutefois précisé.

Rappelons que Viau et Dion avaient été arrêtés en 2019 à l’issue d’une importante enquête de la Sûreté du Québec (SQ) baptisée Préméditer, au cours de laquelle un tueur à gages, devenu agent civil d’infiltration (ACI) pour la police, a enregistré le couple à son insu.

L’ACI, qui souffre de problèmes de santé mentale, n’avait pas été facile à maîtriser pour les enquêteurs de la SQ. Son long témoignage durant le procès avait également été ponctué de sautes d’humeur mémorables. Les frères Falduto ont été tués le 30 juin 2016 sur la propriété de Marie-Josée Viau et de son conjoint Guy Dion par ce tueur à gages de la mafia, accompagné d’un autre homme dont on doit taire l’identité. Le meurtrier et son accompagnateur auraient agi pour le compte du défunt chef de clan de la mafia montréalaise Salvatore Scoppa.

Trois ans plus tard, le tueur à gages a collaboré avec la Sûreté du Québec. Il a enregistré Marie-Josée Viau et Guy Dion à leur insu durant l’été 2019 et le couple a été arrêté en octobre suivant.

Viau et Dion étaient, à l’origine, accusés de complot et des meurtres au premier degré des frères Falduto. Selon la théorie de la poursuite, le couple a démembré les corps des victimes et les a brûlés durant de longues heures, à ciel ouvert, en plus de faire disparaître toute trace du crime.